LIMINAIRE CSE CENTRAL 24-25 avril  2025. Mme Ernotte, notre « maison commune » ne brille pas, elle brûle

Madame la Présidente,

Vous avez annoncé, jeudi dernier, votre candidature à un 3ème mandat à la tête de France Télévisions. Dans votre message aux salariés, vous parlez d’ambition, de joie, de passion, de conviction, de noblesse, et d’engagement. Vous exposez votre vision de la mission de service public qui est la nôtre : faire briller les grands moments de la vie de la Nation, faire rayonner notre média et porter partout notre devoir d’informer, représenter tous les Français et tous les territoires. Vous affirmez que nous devons nous réinventer et revendiquer notre singularité. Vous dites aimer notre maison commune, et défendre notre média de service public. Et vous terminez en affirmant que nous pouvons compter sur votre engagement.

  • Votre politique de transformation à marche forcée, la verticalisation et la caporalisation de l’entreprise, le glissement vers l’activité de diffusion plutôt que de fabrication, ont eu raison de notre joie et de notre passion. Nous faisons briller les grands moments de la Nation, vous pensez probablement aux JO de Paris, mais nous, nous nous souvenons aussi que France Info a failli ne pas diffuser de soirée électorale pour les élections législatives. Notre présence sur tous les territoires, notre mission d’informer tous les Français : avec des moyens en réduction partout, en région et en Outremer ??? Parce qu’il n’y a pas de secret : pour savoir ce qu’il se passe sur le terrain, et pour bien en parler, il faut y être présent. Il ne faut pas être ICI, il faut être partout. Il ne faut pas être mutualisé entre Lyon et Clermont, il faut être France 3 Rhône Alpes, il faut être France 3 Auvergne. Et parce que nos chaines, France 2, France 3, France 4 et France 5 sont différentes, elles ne doivent pas toutes s’appeler France.TV à l’écran. Sacrifier nos particularités à votre ambition numérique, c’est aussi nier les particularités de nos contenus et de nos publics.
  • Oui, nous relevons les défis. Parce que c’est aussi notre métier, de faire face à l’imprévu, de travailler dans l’urgence. Mais quand notre entreprise nous envoie pour unique message celui de notre obsolescence, de notre insignifiance, nous craquons : combien d’alertes pour RPS, combien d’arrêts maladie, combien de licenciements disciplinaires sous votre présidence ? Et quelles solutions proposez-vous ? Ces salariés ne sont-ils pour vous que les dégâts collatéraux de la transformation brutale de l’entreprise ? Nos collectifs de travail sont détruits, nos instances représentatives du personnel sont méprisées, la fatigue et l’épuisement psychologique s’installent… Seriez-vous responsable, mais pas coupable ?
  • Vous écrivez que « nos médias publics ont un rôle déterminant à jouer » face aux incertitudes du monde. Un « nos » qui n’est pas anodin : vous vous exprimez donc pour France Télévisions, mais aussi pour les autres médias publics, dans un contexte de projet de holding. Cette holding, nous n’en voulons pas. Parce que nous savons de quoi elle est le nom : un mariage forcé entre la radio et la télévision, qui ne fonctionne pas tel que vous l’imaginez. Un moyen pour mutualiser et faire des économies par la force, sous couvert de rationalisation. Une baisse qualitative de notre travail, avec des salariés polyvalents et multi support, devenus de simples opérateurs. Et une accélération de l’externalisation de nos programmes, et, pourquoi, pas, de l’info ? France Télévisions gave les producteurs privés à coup de millions d’euros, et se met elle-même au régime sec.
  • Nous réinventer ? Nous n’avons pas besoin de nous réinventer. Bouger pour bouger n’est pas une stratégie, nous l’avons déjà dit. Vous niez l’histoire de cette entreprise, et surtout, vous n’entendez pas ce que les salariés, ceux auxquels vous adressiez votre message jeudi dernier, ont à vous dire. Ces salariés s’expriment aussi au travers des élus, dont le mandat n’est pas d’accompagner passivement vos projets et de valider des décisions déjà prises. Les élus représentent les salariés, défendent l’intérêt général de l’entreprise. La CFDT refuse de jouer un rôle de figurant dans une transformation que vous prétendez “commune” mais que vous menez seule.

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