Laurent Wauquiez, patron des députés Les Républicains, veut envoyer les OQTF (« les étrangers dangereux » soumis à une obligation de quitter le territoire français) … à Saint-Pierre-et-Miquelon. Et il persiste et signe, il l’a dit, et répété : « Contrairement au monde politique qui passe son temps à se lamenter de sa propre impuissance devant les Français, je fais une proposition, dure, radicale, je l’admets, mais qui résout le problème de ces OQTF ».
Dure ? Radicale ?
La vie à Saint Pierre et Miquelon, c’est donc le bagne ?
Et l’archipel, la lagune et la mer turquoise, refuge des oiseaux marins, le grand barrage et ses nombreuses espèces animales, ne serait donc qu’une terre d’exil aride, froide et pluvieuse (« Il fait 5 degrés de moyenne pendant l’année, cent quarante-six jours de pluie et de neige. Je pense qu’assez rapidement ça va amener tout le monde à réfléchir ») ?
Laurent Wauquiez sait-il que Saint-Pierre-et-Miquelon est une collectivité de la République Française, qui fait partie de l’Union Européenne, et que près de 6000 habitants y vivent et travaillent, fiers de leur culture et de leur territoire ?
Saint-Pierre-et-Miquelon n’est pas une colonie pénitentiaire, ni un terrain d’expérimentation punitive. Ce n’est pas un bagne 2.0, et les Outre-mer ne sont pas des prisons à ciel ouvert. Après Cayenne et la Nouvelle-Calédonie, Saint-Pierre-et-Miquelon ? Alors que la déportation est abolie depuis 1938 ?
Une idée sortie tout droit de CNEWS. Méprisante. Scandaleuse.
Les Outre-mer ne sont pas la marge. Elles sont le cœur battant de la République. Elles ne sont pas au service d’un discours politique fait de provocations et de rejet. Elles méritent bien plus de considération et de respect.
Au Québec, à quelques 1000 kms de Saint-Pierre-et-Miquelon, on dirait de Monsieur Wauquiez que « ce n’est pas le pingouin qui glisse le plus loin sur la banquise ». Et encore, nous trouvons que c’est gentil.