Dix ans, c’est bien non ? En plus c’est un compte rond

Et comme le préconise certainement le petit vademecum du manager éclairé, elle a réservé (une fois n’est pas coutume) la primeur de l’info aux salariés de l’entreprise. Par une belle lettre pleine d’emphase et de bons sentiments (distingués).

Une comm’ qui est déjà relayée fidèlement par certains médias avides de secret de polichinelles. 

Pourquoi cette candidature maintenant ?

Peut-être parce que Delphine Ernotte a constaté que Rachida Dati, son alliée de circonstance dans le montage de la holding « France Médias », se débat (un peu trop fougueusement) dans les sables de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras ». Et pas question de laisser la place à d’autres postulants.

Ce n’est pas le rôle de la CFDT d’être (dé)faiseuse de rois ou de reines, de signer en sous-main, mais c’est notre devoir de nous interroger : est-il bien sain de faire plus de deux mandats à la tête de cette entreprise ?

Alors que la constitution française limite sagement la longévité du président de la République à deux mandats de cinq ans, pourquoi le (la) président (présidente) de France Télévisions pourrait-elle régner à vie ?

Longtemps, l’instabilité et la valse des dirigeants de l’audiovisuel public ont été dénoncés, à raison. Ce n’est pas une raison cependant pour devenir une succursale du Vatican où le pape règne jusqu’à ce que mort s’ensuive.

D’autant quand ces dix ans en paraissent cinquante. On les a senti passer oui. De la tête hypertrophiée aux pieds usés.

Si l’équilibre financier a été maintenu depuis dix ans, c’est au prix de tours de passe-passe budgétaires.

Pour nous, salariés de France TV, que s’est-il passé depuis dix ans ? Toujours plus de productions extérieures, toujours plus de mal-être, toujours moins de salariés sur le terrain, toujours moins de sens.

Nous subissons les emportements, les effets de décisions hasardeuses prises pour ne pas déplaire aux politiques, ICI et Partout.

Nous voyons bien que le monde change, nous nous adaptons, mais bouger dans tous les sens et à tout prix, ne fait pas office de politique. Mais de ventilateur. Brassage d’air et tempête de risques psycho sociaux.

Dernièrement, avec son très petit cercle de fidèles, la présidente a décidé que « France.tv » allait prendre le pas sur tout le reste. Au risque de perdre nos téléspectateurs, qui n’identifieront plus la chaine qu’ils regardent. Exit la 2, la 3, la 4, la 5 sur les écrans. 

Une décision prise sans la moindre concertation (nous ne parlons même pas de l’information des salariés, qui apprennent cela par la presse…)