Liminaire Réseau 16 et 17 avril 2025

Salariés, managers et élus du réseau, nous voilà tous réunis sur un drôle de radeau conçu par la tutelle et qui nous mène vers nulle part. Sans gouvernail, sans cap, sans objectifs, au gré des vents, parfois violents, sans envie sauf celle de rendre son repas. On tangue, perdant au passage des ETP et on sort les rames, pour ne pas se fracasser sur les récifs d’audiences qui affleurent tout juste.

Elles aussi prennent l’eau et ce n’est pas le réchauffement climatique.

« On n’avance à rien dans c’canoë » disait Alain Souchon. Les rameurs, eux, rament. Pas le choix, mieux vaut éviter la lame de fond. Ils pagaient de toutes leurs forces pour compenser le manque de moyens, le non-remplacement de leurs collègues. Et vogue la galère. Jusqu’à quand ? Jusqu’où ? De leur frêle embarcation, ils ont beau lever la tête pour lire les étoiles, chercher des réponses tout là-haut, ils ne reçoivent rien, à part quelques fientes de goéland. Parait que c’est bon pour la peau.

Aucune information ne leur parvient, sauf par la presse, pigeon voyageur funeste, qui leur apprend la création de la nouvelle marque étendard « france.tv » et la disparition du nom de leurs chaînes à l’antenne dès le 6 juin. Quant à la création d’une filiale ICI qui rassemblerait France 3 et France Bleu en janvier 2026, ils en entendent quelques échos. À moins que cela ne soit le chant des sirènes ?

Là-haut, on nous mène en bateau. L’opacité est maitre-mot. Le ciel est noir. Le CSE n’est désormais info-consulté que sur les projets de déménagements, les inaptitudes. L’écume des vagues. Rien sur les changements profonds, le projet Ici, la réduction des effectifs ou l’introduction de l’intelligence artificielle. Ces « orientations stratégiques » ont pourtant un réel impact sur les salariés, leurs métiers et leur quotidien. Des orientations qu’ils ne connaissent donc pas, déboussolés alors que la tempête approche.

« Tu ne pourras jamais tout quitter, t’en aller. Tais-toi et rame ! » dit la chanson. Sommes-nous à ce point devenus des galériens ? Condamnés à subir un cap choisi par d’autres ? Cette instance n’a-t-elle à vos yeux aucune prérogative, aucune raison d’être si ce n’est celle de tout juste flotter, à la surface des choses ?

Madame la directrice du Réseau, vous qui avez vécu longtemps au bord de la Méditerranée, méfiez-vous des canoës pneumatiques. Ils sont comme l’eau qui dort. Ils flottent, ils flottent et un jour sans crier gare, ils explosent.