SÉMINAIRE JOURNALISTES : Séance d’hypnose et déjeuner gratuits

Alors que la CFDT FTV avait demandé que soit engagé un travail de fond sur : qu’est-ce qu’être journaliste ? qu’est-ce qu’un contenu journalistique ? La direction nous a écoutés. Au début. Avant de préparer, dans son coin, une séance de lavage de cerveau.

L’idée, simple, était de définir précisément les missions du journaliste avant, d’éventuellement, réfléchir à de nouveaux métiers, et notamment sur le numérique. À l’heure où sur nos sites web, tous les contenus sont mélangés sans distinction et sans frontière réelle, ce travail nous semblait primordial.

En gros, nous pensions, bêtement, que revoir les bases permettraient de construire un édifice plus solide

Alors oui, au début nous avons « été compris ». La direction a fait sien ce constat et organisé des ateliers de travail par périmètre : Réseau / Siège / Outre-mer afin que les journalistes volontaires puissent parler de leur travail. 

Puis, visiblement très emballée par cette idée, elle a lancé un questionnaire destiné à tous les journalistes de France Télévisions. Et là, nous avons pris la première brique dans la tête. Tous nos espoirs se sont envolés en même temps que les mails dans le cloud.

Le questionnaire, plutôt qu’être une auto-évaluation des pratiques actuelles des journalistes, les prérequis du métier, leurs conditions de travail (temps de réflexion, conflits de valeur, calage…), s’apparente à de la science-fiction.

  • « Demain, en dehors des prérequis (non définis donc) de votre métier, quelles sont les activités que vous devrez faire différemment d’après vous ? »

Devrez, une injonction. La liste de réponses, elle, est longue comme un bras télescopique. (Édition, assemblage d’images de sources multiples, desk, montage de news (seul) radio et TV, Chronique hub ou data ou tactile, Infographie simple, Tournage, Rédaction linéaire (enquêtes, dossiers, …), Animation de réseaux sociaux, Secrétariat de rédaction web, programmation d’invités, saisie des synthés de vos sujets…)

Nous arrêterons la liste là ; elle fait facilement le double.

Puis, comme si cela n’était pas suffisant, le questionnaire interroge :

  • « Pour quelles raisons pourriez-vous être amené(e) à pratiquer plusieurs activités ? (Vous pouvez cocher plusieurs cases.) » Plusieurs cases, plus il y en a et mieux c’est, dont une « Par conscience professionnelle ». Faire une seule activité, la faire bien, donnerait mauvaise conscience.

Bref, ce questionnaire auto-suggestif façon Mesmer, explore le registre du journalisme multitâche à outrance. Ce n’est plus du Rémy Bricka c’est Shiva greffé de bras supplémentaires et cloné deux fois.

Et si nous n’avions pas bien compris où la direction compte nous conduire lors du « séminaire journalistes » du 25 mars prochain, des documents préparatoires ont été envoyés, par erreur, aux participants. Des documents destinés au Comité de pilotage, qui, nous explique-t-on une fois la boulette repérée, ont été conçus par un cabinet de conseil. Ils ne sont évidemment pas « les attendus de la direction ». Evidemment.

« Pendant le séminaire : Aligner le collectif sur ce qui impacte les métiers du journaliste ? (disruptions, évolution de la société)​. Projeter cela en termes d’évolutions des activités et en termes de médias à investir​. Aller jusqu’aux compétences nécessaires ?​ »

Ou, « on aura réussi le séminaire si on a partagé les convictions suivantes :

  • Il convient de parler éditorial – pas seulement info – et d’accepter les porosités entre les métiers contribuant à l’éditorial.
  • Quand on est sur le terrain (hors des murs), sur certains formats, il faut un minimum de polyvalence. »

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