SOUS LES CADAVRES, LA PLAGE. Sur France info, on construit des châteaux en Espagne et des hôtels à Gaza

Mercredi 5 février, l’équipe de « L’heure américaine » a pris son seau, son râteau et sa pelle pour creuser, sur la plage de Gaza, la tombe de la déontologie et de la décence.

Alors qu’au cours des dernières 24 heures, 31 morts supplémentaires ont été recensés dans la bande de Gaza, à Paris, sur le plateau de France Info, on papote tourisme.

« La bande de Gaza a des atouts, on l’a déjà dit », assène le présentateur. 41 km de littoral (infographie à l’appui), « la même plage que Tel-Aviv », « il y a la bordure méditerranéenne, la mer, le climat. » Un petit paradis en devenir, une fois l’enfer vécu oublié (ou oblitéré).

Car bon, tout de même, le président de l’Union des métiers de l’Hôtellerie d’Île-de-France, invité sur le plateau pour l’occasion, soulève quelques réserves après avoir déroulé les excellents chiffres du tourisme en France « on peut être satisfait que le président Trump prenne l’exemple de la France ».

« Les touristes, dès qu’il y a la moindre chose, on l’a vu à Paris avec la grève des poubelles, tout de suite c’est des annulations. On dit que le touriste veut voyager safe … »  

C’est embêtant ça. Imaginez alors marcher sur des cadavres d’enfants, de femmes et d’hommes… « Il y a quand même beaucoup de travail » conclut ce dernier.

Pour les travaux de terrassement en revanche, la bande de Gaza, c’est du prêt à l’emploi.  C’est en tout cas ce que laisse supposer cette relance du présentateur, dans le texte : « Ce qui nous amène à donner ces chiffres qui ont été livrés par l’ONU : 70% des bâtiments détruits à Gaza ».

Toute cette séquence « tourisme » est du même acabit. Sans jamais évoquer, durant cette dernière, la situation, le destin, des deux millions de Gazaouis qui y vivent. Sur leurs terres, sous les bombes.

Alors non « ce pas de côté pour voir comment pourrait prendre forme cette bande de Gaza version Donald Trump » n’en est pas un. C’est un grand écart. Avec tout ce que le service public devrait défendre : du journalisme de terrain. Pas de science-fiction.

Du journalisme humaniste. Pas spéculateur.

Du journalisme professionnel. Pas fait en touriste.

La CFDT FTV dénonce fermement cette nouvelle dérive qui intervient deux semaines après « l’affaire du bandeau », qualifiant « d’otages » les détenus palestiniens libérés par Israël.

La CFDT FTV s’interroge, de nouveau, sur le processus de validation éditoriale à France Info. Comment un choix aussi inconvenable que celui-ci a-t-il pu, in fine, être concrétisé ?

Par ailleurs, il y a deux semaines, le journaliste, auteur du bandeau, avait été suspendu. France Télévisions, souvenez-vous, ayant agi tel « Lucky Luke » en condamnant « une erreur inadmissible » sur les réseaux sociaux.

Là rien de tel.

Inadmissible en deçà des Pyrénées ?

Regrettable au-delà ?


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