En suspension
Flotte dans l’air un certain esprit de révolte parmi les élus à l’issue de ce CSE.
Deux jours de débats et une nouvelle fois beaucoup de points de suspension, en suspension… et sans réponse.
Nous alertons sur la « Prévention quaternaire à l’ère des mammouths » (Voir notre liminaire). Et pas un mot. Pas un seul commentaire de la direction du réseau. L’urgence est ailleurs. « Passons tout de suite au premier point ! » lance sans attendre Isabelle Staes. Le temps est compté et l’ordre du jour très chargé. Alors pressons-nous, passons de point en point, de suspension en suspension, de rebondissements en reports et d’interruptions en hallucinations. Laissons le dialogue social en lévitation !
Organigramme : poussée d’Archimède et rapport de force
Le jeu des 7 différences
Regardez bien les 2 images ci-dessous. Il s’agit de 2 organigrammes de la direction de France 3.
Le premier daté du 30 janvier 2024 :
Le second actuellement disponible dans Mon Espace :
Quelles différences voyez-vous ?
Nous, on constate une évolution (ou plutôt une ascension) majeure, une remontée de bulles (et pas de champagne !) plutôt étonnante et inquiétante.
La directrice du réseau régional, elle, ne voit pas du tout ce que l’on veut dire : « l’organigramme n’a pas vraiment été transformé ». A force d’être en lévitation, notre cerveau doit manquer cruellement d’air. Hypoxie. Le secrétaire du CSE s’agace : « on voit bien que tout le monde est exfiltré par la tête, on fait monter les bulles, toutes les manettes du cockpit sont au niveau au-dessus. On phagocyte la direction du réseau ! »
En d’autres termes, les cadres dirigeants quittent le navire avant qu’il ne sombre et se mettent à l’abri ! « Il s’agit de spéculations » nous dit Isabelle Staes qui n’a plus en dessous d’elle que les directeurs régionaux et la direction de la prévention des risques. Désormais, les décideurs sont ailleurs et n’ont plus à répondre aux élus. Voilà peut-être qui explique le manque d’informations et de réponses dans cette instance depuis des mois.
La CFDT demande que Philippe Martinetti soit désormais présent en CSE pour toutes les questions financières, liées à la fusion ou à la transformation de l’entreprise.
Principe de neutralité : hors sol
Le revoilà sur le tapis après une première présentation en juin dernier. Il a fait des allers-retours CSE Central / avocat. Le projet de « dépoussiérage » du règlement intérieur de France Télévisions.
Ce règlement version 2.0 est une mise à jour des terminologies actuelles qui tient compte des dernières évolutions réglementaires, en particulier la loi Santé du 2 aout 2021 ou celle du 21 mars 2022 modifiant la définition générale du harcèlement sexuel du code du travail.
Jusque-là tout va bien.
Là où ça bloque, toujours, malgré nos remarques en juin dernier, c’est au chapitre IV. Principe de neutralité. Même si la direction a changé la formule vers plus de clarté, elle maintient ce principe dans le règlement.
La neutralité « politique, religieuse et philosophique » serait donc de vigueur, et en cas de non-respect, sanctionnable, dans l’entreprise. Si tous s’accordent pour reconnaître les deux premières (encore que la neutralité religieuse en Alsace-Moselle peut poser question), la troisième reste très problématique. Dommage, la direction nous explique que ce principe est « insécable ». Trois au prix d’une quoi.
Qu’est-ce-que la neutralité philosophique ? Être cartésien, nihiliste, existentialiste deviendrait-donc répréhensible ? N’aurait-on plus le droit de penser ?
La direction ne nous rassure pas vraiment, justifiant cet article par le risque de « dérives sectaires, non religieuses en entreprise ». Cette dernière est même incapable de fournir l’article du code du Travail auquel elle se réfère. Normal, la loi française est muette sur le sujet.
Après quelques minutes de patinage, il s’avèrera qu’il s’agit, en fait, d’une décision de la cour européenne datant de 2017, portant sur le port visible de signes en entreprise. Un tee-shirt CFDT ?
Bref le principe de neutralité n’est pas « indivisible » comme l’argumente la direction et l’adjectif philosophique peut donc être supprimé de ce règlement intérieur. Le sera-t-il ? Non.
La CFDT FTV dénonce, une fois encore, ce principe qui met en danger au sein de notre entreprise la liberté d’expression, de penser et l’exercice même du journalisme.
Alors que la direction vient de publier un guide des bonnes pratiques sur les réseaux sociaux, prônant la même neutralité ectoplasmique, nous nous interrogeons.
Quels textes sont annexés à ce règlement intérieur ? Il y a tellement de chartes, guides, injonctions, qu’il est difficile de s’y retrouver. La charte anti-corruption, éthique et conformité, le code de conduite et concurrence, le sont. Le guide des bonnes pratiques ne l’est pas.
C’est déjà ça.
Quant à la charte informatique, elle est pour faire simple dans le même registre. Vieille de 2017, elle aussi, a été dépoussiérée pour correspondre aux nouveaux usages (One drive, télétravail, applications mobiles, attaques cyber). Cette charte est annexée au règlement intérieur et s’impose aux salariés.
C’est donc verrouillage à tous les niveaux, pro/perso, quitte à brouiller les frontières.
Exercice dangereux là encore. Les élus du CSE demandent la réaffirmation du caractère privé des correspondances personnelles et du respect du secret des sources.
Ils mettent également en avant le fait que les contrats de moins de six mois (c’est-à-dire la grande majorité des non-permanents) n’ont pas accès aux outils informatiques ni au matériel de FTV. Créant, de facto, une disparité pouvant s’avérer handicapante pour leur travail.
Sans compter que toutes les formations sur ces nouveaux outils sont proposées en webinaire, non planifiés. Qui les suit ? Qui les comprend ?
Nouvelles technologies : retour de la gravité
On croyait certains nouveaux outils encore en apesanteur loin de nous dans l’espace-temps. En réalité, ils se rapprochent à une vitesse effrénée et la direction voudrait bien qu’ils soient traités en CSE au même rythme.
Voir ici le Compte-rendu de la commission.
Intelligence artificielle : « Vous avez 7 minutes, après Romuald Rat devra partir ! »
Le sujet est vaste, interroge. Et le directeur délégué du « TechLab-IA » intervient en visio et sans caméra, on aura tout vu. Ou plutôt rien…
25 minutes de débat au final c’est un peu court ! Même si nous dit-il : « Tous les sujets sont sur la table ! » Dans toutes les grandes entreprises, les salariés sont impliqués dans la réflexion sur les usages de l’IA. A FTV, nous avons des « groupes de travail » (parait-il) qui travaillent sans nous.
La CFDT demande la création d’une commission de suivi dédiée à l’IA.
Remote Prod : « Cela permet d’avoir toute la puissance de la régie en extérieur »
Michael Friederich, le directeur du développement de l’exploitation du réseau France 3, vante les mérites de la production à distance. La « Remote prod » devenue « Xprod » permet la réalisation depuis la régie d’une émission en direct à l’extérieur avec des caméras boules, peu d’axes caméras etpeu de moyens.
Actuellement, 12 de ces équipements sont opérationnels dans le réseau. Selon la direction, ils seraient utilisés en fonction des besoins éditoriaux. Mais il s’agit surtout de faire de confortables économies avec un minimum de personnels sur le terrain.
Pour la Cfdt, la présence sur le lieu du tournage d’une équipe technique minimale, comprenant au moins un OPV, est indispensable.
Studios virtuels, drones,… bref tous les autres points : « Pas le temps, on verra, peut-être en décembre… »
Nos questions resteront donc, une fois encore, en suspension. Mais avec le point suivant c’est aux lèvres de la direction que nous sommes suspendus.
Automatisation des échanges : les vidéos prennent 3G dans la tronche
Interpam, cette fonctionnalité d’Openmédia qui permet à l’éditorial d’effectuer les échanges des sujets, offs et itws diffusés en un clic, n’est certes pas une révolution. Mais pour les vidéos, son déploiement représente une baisse d’activité bien mal venue en ces temps de disette. Les priver de cette « tâche », c’est aussi leur retirer leur expertise sur le contrôle de la qualité vidéo et son des échanges et surtout faire très peu de cas de leur travail au quotidien.
Et signe d’un mépris total : la plupart d’entre eux l’ont appris au détour d’un couloir, au hasard d’une conversation ou pire, le jour même du déploiement. Alors comme un enfant pris les doigts dans le pot de confiture, la direction avoue une maladresse. Une erreur de communication…
« Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, nous dit Mickaël Friederich, j’ai demandé aux chefs de centre de faire passer le message ». La perte d’activité viendra plutôt de l’Overdrive et des aides à la fabrication, celles retenues après les tests effectués à Strasbourg. L’opérateur serveur pourrait disparaître.
Là cela devient stratosphérique. Ceux qui planaient encore viennent de s’écraser au sol.
Oui, vous avez bien compris. Un seul technicien pourra gérer la mise en images, les serveurs, les info décors, la programmation de l’automate (et peut-être même donner un petit coup de serpillère en sortant : merci !)
“On ne préjuge pas des solutions envisagées. Il n’y a pas de déploiement envisagé à ce jour” nous dit Mickael Friedrich qui précise qu’une information/consultation du CSE sera lancée, sur les conditions de travail et les impacts de tous ces projets.
Pour la CFDT, l’automatisation des régies doit s’accompagner d’un plan de formation/reconversion des vidéos. Elle doit être aussi au service de véritables ambitions éditoriales. La direction du réseau sait-elle encore seulement ce que ces mots signifient ?
Bilan social
Donner un avis sur le bilan social 2021-2023 fin 2024, est-ce vraiment intéressant ? Pas sûr…
À noter tout de même quelques éléments qui ont attiré notre attention.
L’augmentation des effectifs permanents en 2023.
Pour la première fois depuis 2017, le Réseau France 3 affiche une hausse de 3% de ses effectifs (+ 85 salariés).
Le taux de recours aux CDD explose.
Il atteint près de 15% chez les PTA et près de 11% chez les journalistes. 57% des motifs de recours aux CDD sont du remplacement.
En 2023 : 36 % des salariés ont 55 ans et plus.
10% des départs de l’entreprise ont été causés, cette même année à la suite d’inaptitudes au travail. Avec un âge moyen de 55 ans, ils ne pouvaient pas prétendre à une pension de retraite après leur départ de l’entreprise. Cela pose question sur le sort réservé à nos collègues séniors, fatigués par des métiers éprouvants. N’y a-t-il comme seule issue que le licenciement pour inaptitude ? Pourquoi passé un âge certain, notre entreprise est-elle incapable de leur fournir un emploi plus adapté ? Une reconversion ?
Le réseau est malade.
Les indicateurs sont mauvais : absentéisme élevé, augmentation des accidents du travail (+60% entre 2022 et 2023).
À eux seuls, les journalistes concentrent la moitié des journées d’absences maladie sur la période observée. « Le réseau étant plus exposée à la vague de transformation, on assiste à une possible fragilisation de cette population » conclut l’expert.
Les problématiques de santé mentale augmentent, aggravées, selon l’expert, par la nature même de nos métiers. L’absentéisme est une absence de ressources pour les managers mais aussi un symptôme de relations de travail dégradées, conséquences de situations pathogènes.
Les RPS sont de plus en plus prégnants. Ils représentent 8% des AT déclarés et mis à part éteindre les feux d’alerte, la direction n’anticipe rien.
Prévention quaternaire.
Le CSE a rendu un avis, que vous pouvez trouver ici.
Tour de France vitesse grand V
Les bilans des deux événements, féminin et masculin, sont expédiés.
Il faut sensibiliser ASO à être plus vigilant notamment lors du choix de lignes d’arrivée difficilement accessibles qui génèrent de fortes amplitudes horaires. « Il y a encore eu des dépassements au-delà des 60 h, malgré toute notre énergie à faire en sorte qu’il n’y en ait pas » déplore la chargée de production technique.
Les élus demandent, par ailleurs, à avoir un retour sur le suivi du temps de travail et des amplitudes horaires pour cette période estivale chargée.
Relocalisation du Bureau d’Information de Proximité de Sarreguemines
Locataire de la Communauté de d’Agglomération depuis 2004, le BIP de Sarreguemines doit déménager car la collectivité souhaite récupérer les locaux.
Les élus ont rendu un avis positif (voir ici) sur le local proposé par la direction. Il est plus petit que l’actuel mais suffisant pour accueillir les 2 journalistes de France 3. Il comprend sanitaires, douches, vestiaire ainsi qu’une place de parking pour le véhicule de reportage.
Seul bémol : un problème de couverture téléphonique à l’intérieur des locaux que la direction entend régler en renforçant la Wifi. A suivre !
La CDFT profite de ce point pour renouveler sa demande pour obtenir un état des lieux des BEX et locales.
Voyages du CSE :
Voir les Comptes rendus des commissions voyages des 11 septembre 2024, 9 octobre 2024, 6 et 7 novembre 2024.
Désormais les voyages sont centralisés afin que toutes les antennes soient sur un pied d’égalité. Plusieurs destinations sont déjà prévues en 2025 et accessibles à tous les salariés du réseau : Guadeloupe, Açores, Berlin, Casamance, Séville et New York.
L’objectif est de faire évoluer l’offre de voyages dans une optique de réduction de l’empreinte carbone et de voyages plus éthiques et durables. Le hic, c’est que cela génère un surcoût. Une charte (voir ici) pour des voyages responsables a donc été rédigée.
Vie du CSE :
Fabrique Nord :
Changements liés au rattachement des équipes légères à Rennes depuis le 1 novembre 2024.
Charlotte Henry (suppléante Rennes) est la nouvelle RP titulaire en remplacement de Vincent Courtonne qui perd son mandat puisque transféré à Rennes.
Alex Babelot devient secrétaire de l’instance (toujours en remplacement de Vincent Courtonne)
Référents handicap :
3 n’avaient pas encore été désignés.
Antibes : Ariane Masseglia
Dijon : Guy Marlier
Poitiers : Frédéric Cartaux
Commission nouvelles technologies :
Nicolas Marousez remplace Benoit Hardonnière
ASC Picardie :
Madison Mouquet remplace Mathilde Granozio au sein de la commission.
Prochain CSE Réseau le 19 décembre 2024.
Votre représentante syndicale et vos élus Cfdt :
Séverine Dangin, Metz ; Pascal Lefebvre, Lille ; Bruno Espalieu, Lille ; Yvonne Roehrig, Strasbourg ; Olivier Mélinand, Brest ; Cécile Poure, Strasbourg ; Nicolas Marousez, Amiens.