Au fil des années, les équipes de Malakoff ont dû composer avec l’indifférence de certains dirigeants, les incohérences des décisions de la tutelle, et un manque d’anticipation criant. En l’espace de treize ans, l’effectif du site a sombré, passant de plus de 500 à moins de 300 salariés. Malakoff est le site ayant enregistré la plus forte perte d’effectifs de tout France Télévisions. Touché. Coulé.
La fermeture de l’AITV en 2014 et celle de France Ô en 2020 avaient déjà amoindri la visibilité Outre-mer. Désormais, c’est la fermeture annoncée du site qui leur est entièrement dédié, Malakoff, qui sera supprimé.
Depuis l’élaboration du projet Campus, de nouvelles restrictions budgétaires sont apparues.
Lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a clairement indiqué qu’avec ces contraintes, il serait nécessaire de revoir certaines activités.
Lesquelles ?
- Le site de Malakoff et ses équipes seront-ils les premiers à subir ces « révisions » ?
- Une baisse des effectifs (ETP) et des budgets est-elle envisagée ?
- Qu’en est-il de la gouvernance ?
Au vu de notre histoire, en vieux loups de mer, nous avons raison d’avoir peur.
Si France Télévisions se félicite d’accueillir ARTE sur la plateforme france.tv, a-t-on besoin d’un « Dessous des cartes » pour comprendre que dans les Outre-mer, tout peut s’embraser en un éclair ? Nouvelle-Calédonie : crise inédite depuis 30 ans. Martinique : mouvement social de grande ampleur. Mayotte : instabilité chronique. Et demain ?
Dans ces territoires, où l’équilibre social tient parfois à un fil, l’audiovisuel public doit jouer un rôle vital, non seulement comme créateur de lien social, mais aussi comme gardien d’une information fiable, loin des fake news. Le Pôle Outre-mer est plus qu’un service : c’est une bouée de sauvetage pour relayer des faits vérifiés, porter les enjeux ultramarins sur le devant de la scène et préserver la cohésion dans des sociétés déjà éprouvées.
Et pourtant, cette mission, essentielle à l’heure où les tensions s’accumulent, pourrait être sacrifiée. Renoncer au Pôle Outre-mer, c’est abandonner des territoires entiers à leur fragilité. La question est simple : qui prendra la responsabilité de ce naufrage ?
La CFDT FTV vous demande l’assurance du maintien des missions éditoriales et techniques de Malakoff et les moyens associés ainsi qu’une étude d’impacts de ce déménagement.
Effets sur l’activité, l’emploi, les conditions de travail et les moyens de prévention des risques professionnels (RPS) à mettre en œuvre.
À Malakoff, même si nous avons le pied ultra-marin, le naufrage guette.