L’indigestion !
Discuter le 15 octobre des grilles de rentrée nous paraissait déjà étonnant et pas très efficient ! Au lendemain de ce CSE Extraordinaire, nous sommes encore un peu vaseux. Le barbecue de rentrée s’étant transformé en raclette un peu rance.
Les élus avaient bataillé et même suspendu un CSE pour obtenir quelques rondelles d’informations sur les grilles de rentrées qui nous ont finalement laissé sur notre faim tant les documents fournis sont inconséquents, aucunement harmonisés et rendent impossible toute comparaison entre antennes. Une manière d’empêcher les élus de faire leur travail en leur jetant des cacahuètes pour les calmer !
Un constat tout de même : si les co-productions s’alignent comme des saucisses sur les grilles, les programmes régionaux fabriqués en interne ont, eux, fondu comme le fromage à raclette.
Il faut, nous dit-on, « faire circuler les programmes entre régions ». Nous sommes donc priés d’échanger nos brochettes et tant pis pour nos téléspectateurs qui boudent, écœurés, ces programmes qui n’ont plus de régionaux que le nom.
Alors en guise d’amuse-bouche, la direction brandit des émissions de cuisine « succulentes » ou carrément, des cuisines rutilantes et déco avec Cosy. Des émissions dont les moyens sont le plus souvent externalisés.
Les salariés sont-ils à ce point incompétents et incapables à vos yeux ? Est-ce, à terme, une manière détournée de réduire encore la masse salariale de l’entreprise ? Ces personnels sous-employés sont pourtant qualifiés, mais aujourd’hui ils n’ont même plus une petite PAE à se mettre sous la dent.
Ils se sentent méprisés, comme les élus, invités de seconde zone à la table du CSE, que la direction tente systématiquement de contourner.
Ne pas info/consulter le CSE du réseau sur la disparition de la marque France 3 au profit de la marque commune « Ici » en dit long sur l’intention. Mettre en œuvre ce projet sans même disposer d’une étude d’impact aussi. Quant à l’étude qualitative réalisée auprès d’un panel de seulement 40 téléspectateurs et vieille de 2 ans, les mots nous manquent.
Notre vision se trouble. Et autant dire que nos crampes d’estomacs risquent de se poursuivre aujourd’hui en CSE ordinaire.
Pourquoi ne pas jouer franc-jeu ? Pourquoi ne pas dire que dans les antennes, les maigres ingrédients indispensables à la recette ont encore été réduits pour coller à la trajectoire budgétaire mince comme une feuille de brick ? Que si le JT de France 2 peut s’allonger (de tout son long) c’est grâce à la cure d’amaigrissement du réseau ?
Un réseau qui a perdu en 5 ans, près de 5% de ses effectifs (2944,6 ETP moyen en juin 2024 contre 3087,5 en décembre 2018). Ce n’est visiblement pas suffisant.
En mars dernier, les antennes ont été priées de serrer encore la ceinture d’un cran. Résultat aujourd’hui, les 58 ETP dédiés à Tempo n’ont pas tous été utilisés et au final onze régions sur douze sont en économie.
Mais qu’importe, une fois de plus, le réseau va devoir poursuivre ses efforts. Tant pis pour les carences éditoriales, managériales. Tant pis pour la qualité de nos productions. Et si les salariés épuisés développent des pathologies, il ne faut surtout pas y voir de lien de cause à effet. Quoiqu’il en coûte sur le plan humain, le mammouth doit se transformer en guépard. Il doit pouvoir s’élancer à l’assaut de la concurrence.
Comme à Vendargues où un nouveau projet prévoit l’agrandissement des studios et leur location à des sociétés privées. Des sociétés, généralement mieux-disantes en termes de salaires, qui pourraient bien aspirer nos propres intermittents et générer des difficultés d’emplois.
Nous voilà maintenant avec un nouveau poids sur l’estomac.
S’ajoute à cela, le financement de France Télévisions qui n’est toujours pas assuré pour 2025. Ni des 17 millions d’euros que l’Etat n’aurait pas versé au titre de la transformation de l’entreprise et qui vont nous manquer en 2024. Le réseau va très certainement devoir prendre sa part.
Et nos élus appréhendent une nouvelle diète drastique.
La CFDT attire votre attention sur tous ces régimes à marche forcée qui affaiblissent nos outils, appauvrissent nos contenus et finissent par anémier les salariés.
Nous vous demandons aussi, une fois de plus, Madame Staes, de remettre de la transparence au cœur de nos échanges. Sous peine que nous quittions, encore et durablement, la table.