Avant les vacances, nous avions des craintes et des questions.
Aujourd’hui, après les vacances, toujours les mêmes craintes et pas de réponse.
Mais pas d’inquiétude, « on » s’occupe de nous.
Les commissions des finances et de la culture de l’Assemblée Nationale et du Sénat auditionnent les dirigeants et les syndicats de France Télévisions, lancent des questionnaires, écoutent les arguments et rendent des rapports.
Des propositions de loi seront bientôt débattues, ici et là, pour trancher la question de notre financement, de notre existence.
Certains parlent d’un prélèvement sur recettes, d’autres d’une fraction de la TVA.
La CFDT préfère un mode de financement qui soit progressif adapté au mode de consommation audiovisuelle d’aujourd’hui, selon les revenus, avec un financement durable, équitable et adapté pour garantir notre indépendance.
Personne ne sait comment nous financer, pourtant, tout le monde tient aux services publics !
Le financement de l’audiovisuel public, pour un bien commun aux missions exigeantes, concerne chacun d’entre nous.
Il est aberrant qu’il fasse l’objet de décisions précipitées, prises à la va-vite, sans concertation ni vision à long terme.
Depuis la suppression de la publicité après 20h en 2009, jusqu’à celle de la redevance, rien n’a été anticipé.
Joueraient-ils les apprentis sorciers avec nous?
Ajoutez à cela des cahiers des charges de plus en plus ambitieux : divertir, informer, éduquer, toucher tous les publics, sur tous les supports.
Être un média de référence, indépendant, offrant une information fiable de qualité dans un monde saturé de fake news et marqué par un contexte géopolitique tendu.
On nous demande aussi de financer la création audiovisuelle, soutenir les boîtes de production, promouvoir la culture française, la francophonie, être présents partout en France, des régions aux territoires ultramarins avec son pacte de visibilité pas à la hauteur.
On nous demande aussi d’être une vitrine de la diversité, de l’inclusion, tout en garantissant l’égalité professionnelle et l’employabilité de nos salariés.
Et tout ça… en réalisant 200 millions d’euros d’économies !
Dont 100 millions uniquement sur les charges de personnel. 700 emplois seraient en jeu, d’après ce qu’on entend.
Alors, quand France Télévisions recrute une « Directrice de l’accompagnement RH des transformations », avouons-le, ça ne nous rassure pas.
Madame la Présidente, c’est quoi ces fameuses transformations ?
Parce que nous, ça fait 15 ans qu’on nous transforme ! Que l’on nous déforme !
Supprimer les éditions nationales de France 3, plébiscitées par leur public, pour un « grand 20h » sur France 2 ?
Entraîner les équipes régionales dans une lessiveuse appelée TEMPO, promettant une régionalisation qui, finalement, ne ressemble qu’à une simple mutualisation de programmes, principalement fabriqués par des boîtes de production extérieures ?
Oublier les stations ultramarines, qui restent sans de réels moyens de fabrication
Fusionner France 3 et France Bleu, avec ou sans loi pour le faire ?
Le tout accompagné de suppressions d’emplois, de polyvalences forcées, de projets éditoriaux qui s’empilent, se heurtent, se perdent…
Et en rigidifiant le dialogue avec les syndicats, vous, la direction de France Télévisions, vous vous coupez des salariés.
Pour la CFDT, il est grand temps de reconnaître l’importance de nos missions et de fournir les moyens à la hauteur des ambitions fixées.