La commission déontologie journalistes s’est tenue à France Télévisions la semaine dernière et force est de constater que les questions liées au numérique y ont, hélas, occupé une place de choix.
Un vrai pavé … numérique.
Tellement lourd, que la direction a suivi la demande de la CFDT et décidé d’y consacrer une commission à part entière. C’est dire le chantier. Nous saluons cette initiative et attendons une date précise.
Cela dit, ce constat nous inquiète. Le WWW, World Wide Web, est devenu aussi wild que wide, aussi sauvage que vaste.
Le terrain de jeux de toutes les expérimentations, de tous les dérapages déontologiques et finalement, d’une confusion extrême entre les métiers, les contenus, les expressions. Ce qui, finalement, génère des tensions entre tous les contributeurs qui s’investissent dans cette orientation stratégique.
Ainsi sur les sites France 3 régions, nous le disons depuis des années, des « contenus » programmes, publi-reportages, annonces de communication, auto-promo, articles journalistiques sont déversés pêle-mêle, sans aucune hiérarchie de l’information sur notre page de « Une ».
Le service pour qui travaille l’auteur, n’est visible qu’en cliquant sur sa signature. Sur le site Ici, cette option n’existe tout bonnement pas. La Direction de l’information est pourtant claire là-dessus « dans tous les labels de déontologie, il est dit que les téléspectateurs doivent savoir qui leur parle ». Elle aussi s’émeut de ce mélange des genres.
Qu’attend la direction du numérique pour s’y conformer ? Une énième mise à jour espérée depuis deux ans ?
- Mélange des genres dans les contenus même. Ainsi, dans de nombreuses antennes, « on » demande aux CEN de faire la promotion de documentaires que nous diffusons. Les articles sont faits de telle manière qu’il laisse planer le doute. L’auteur s’est-il rendu lui-même sur place ? A-t-il interrogé les personnages du doc ? L’auteur est-il le documentariste ? Non bien sûr. Mais le lecteur peut le penser. Rien n’est fait en tous cas pour l’en dissuader. Là encore la direction de l’info tique. « La séparation n’est pas assez claire entre éditorial et autopromotion »
Dans d’autres, on leur demande, parfois contre leur gré, d’écrire à la première personne « leur premier festival », « leur première nuit à la belle étoile ». Des journaux intimes dignes d’une Bridget Jones de la Meuse, sans intérêt aucun si ce n’est celui de remplir. Effarant. Les sites de France 3 ne sont pas des blogs. - Et que dire de ces papiers republiés à la pelle, pour faire du clic, pour rester bien référencés par Google ? Parfois les informations sont caduques et fausses, parfois même son auteur est décédé.
N’y a-t-il donc plus aucune morale sur le web ? Nos sites sont-ils devenus à ce point un déversoir « de contenus » (qu’est-ce au juste qu’un contenu ?) que la quantité prime sur la qualité ?
Un peu de sérieux. A l’heure des fake news et des propagandes de tout bord, faisons preuve d’intelligence, si possible pas artificielle, de transparence et de probité. La confiance du public s’entretient, elle est volatile.
La CFDT France Télévisions demande :
- Une harmonisation des pratiques sur le web
- Une clarification des missions de chacun sur le web (journaliste/ Communication/ Chargé d’édition numérique)
- Une signature des auteurs claire et précise
- Une distinction nette des articles sur nos sites (communication, journalisme, évènementiel, auto-promo)
- Le respect de nos chartes déontologiques