COMPTE RENDU CSE CENTRAL Extraordinaire

Projet de Contrat d’Objectifs et de Moyens

La partition va se jouer à plusieurs mains. La direction de FTV, l’Etat actionnaire, les parlementaires, les ministères de la culture et des finances, l’ARCOM, les organisations syndicales et les élus du personnel, sans oublier les autres entreprises de l’Audiovisuel public, concernées par le projet de fusion discuté en ce mois de mai à l’Assemblée nationale…

FTV prépare son projet stratégique en vue de la signature d’un nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens avec l’Etat. Dans un contexte, donc, incertain.

Pour la direction de FTV, on le sent, pas question de se laisser intimider ou freiner par ce contexte : la stratégie, c’est l’art de pousser son armée en avant. Tambours battants.

L’ambiance générale de cette réunion d’une heure et demie, convoquée dans l’urgence par une Présidente entre deux Rendez-vous au festival de Cannes : la direction travaille, réseaute, phosphore, et nous présente un projet, voire un avant-projet de COM, qui sera discuté par les parlementaires, par l’ARCOM, donc modifié, ajusté, revu et corrigé.

Une esquisse, et les élus seront sollicités aux différentes phases d’avancement du projet.

Mais dans ce projet, on cherchera en vain le mot « fusion ». Fusion qui pourtant, pourrait remettre en cause tout l’édifice proposé par la Direction de FTV. À moins qu’en présentant ce projet stratégique, FTV se pose comme « leader » de la future entreprise unique de l’Audiovisuel public ?

Un projet qui reprend les missions de FTV déjà présentées dans la « feuille de route » : l’information (avec entre autres l’« acte 2 » pour France Info), la proximité, la jeunesse, le numérique (par exemple, la plateforme commune avec France Bleu), l’investissement dans la production de contenus, etc.

Cette chanson-là, on la connait depuis longtemps, et depuis longtemps, on aimerait que ces « paroles, paroles », se transforment en véritable projet.

Un projet qui fait la part belle aux rapprochements entre France 3 et France Bleu : immobilier, Éditorial, numérique…

Avec un calendrier, des nouvelles fonctions de direction créées, une gouvernance commune avec un seul chef d’orchestre pour les deux réseaux. Comme si c’était fait.

Un projet qui aborde les transformations organisationnelles de FTV dans le cadre de rapprochements avec Radio France (pas un mot sur l’INA ou FMM, pourtant concernés par le projet de fusion) : mais rien de neuf sous le soleil exactement, explique la direction quand les élus soulignent qu’ils découvrent, par exemple sur les rapprochements France 3 et France Bleu, que la direction nationale est déjà très avancée dans ses réflexions.

La mise en place (rapide !) de 3 régions « pilotes » (Bretagne, Hauts de France et Corse) est annoncée dans le projet de COM ce jour, mais aussi, la semaine dernière, aux salariés des Hauts de France. Alors que la direction du réseau affirmait, elle, il y a quelques jours en CSE de l’établissement, qu’elle « n’est pas au courant » !

On avance avec tambours et trompettes, des jalons de transformation sont déjà posés avec ces territoires « pilotes », et des propositions d’organisations locales vont être élaborées rapidement.

Alors c’est ballot que la direction concernée, celle du réseau, ne soit pas au courant. Quand dans le même temps, un directeur régional annonce le projet à ses troupes.

Pirouette, cacahouète, quelle cacophonie !

On nous met dans les dents, aussi, que nous sommes au courant depuis longtemps des projets de réorganisation immobilière : la réorganisation des locaux en intégrant les stations locales de France Bleu est un sujet depuis quelques années, en cours de réalisation à Rennes par exemple, et nous ne pouvons pas l’ignorer, explique la direction.

Sauf que les élus attendent toujours la présentation d’un plan d’ensemble, qui permettrait de disposer d’un calendrier et d’une carte des sites concernés. Parce qu’en attendant, les projets immobiliers du réseau F3 vivent leur vie, sans France Bleu. Antibes par exemple, station flambant neuve qui doit sortir de terre bientôt… sans Radio France !

Un projet qui pose les ambitions de FTV en matière technologique et qui là aussi met en avant le rapprochement avec Radio France quant au développement de l’utilisation de l’intelligence artificielle, sans plus de précisions. La direction explique que des formations sont déjà organisées, qu’une équipe dédiée réfléchit… Le numérique doit être partout, pour s’imposer aux directions « traditionnelles », opérationnelles.

Le projet présenté vise aussi des gains de productivité : logique, dans la perspective de trouver 100 millions sur les charges de personnel !

Voici donc le grand come-back de projets dont pourtant nous avons pu constater les faiblesses : overdrive (testé dans le réseau F3, avec un constat d’inadéquation aux besoins des JT régionaux !), automatisation et régies IP, par exemple.

Les vieilles recettes de l’ère industrielle ressortent du chapeau : remplacer l’homme par la machine, promettre des activités plus épanouissantes aux salariés, lesquelles activités ne sont jamais proposées au final parce que « l’éditorial » aurait changé…

À FTV, on connait la chanson. Qui nous donne l’envie de nous boucher les oreilles.

Un projet stratégique qui, comme tous les autres avant lui, souffrira immanquablement du manque de cohérence dans sa planification et sa mise en œuvre : nous le savons, un projet n’est jamais, à FTV, décliné de la même façon, selon les mêmes règles, avec les mêmes objectifs, dans toute l’entreprise.

Il y a ceux qui « y ont droit », ceux qui « dégustent », ceux qui sont « l’exception à la règle », etc. Sans que les salariés ne comprennent pourquoi. Même si c’est le même soleil, c’est pas du tout, du tout pareil. Et nos collègues ultra marins de s’inquiéter : quelques lignes seulement dans ce projet sur les Outre-mer !

Un CSE C qui évidemment ne fait pas l’impasse sur les finances de FTV – sans entrer dans les détails : 200 millions d’économies à faire, dont 100 millions en charges de personnel (ETP mais pas que : frais de transport et de mission, productivité…), 70 millions de moins pour les achats externes (fournitures, programmes…), et 30 millions d’augmentation de ressources propres – à l’horizon 2028.

Le but : des comptes à l’équilibre, et la direction souligne qu’en termes de dépenses, FTV reste dans sa trajectoire budgétaire prévue en 2023, avec une masse salariale prévue à la baisse tout de même (- 41 millions en 5 ans).

C’est l’air du « tout va bien » avec quand même une alerte sur la publicité : le chiffre d’affaires publicitaire est en baisse, probablement en anticipation des débats parlementaires sur la future loi visant à réduire la publicité dans le service public. Notre petite entreprise ne connait pas la crise ?

Pour finir cette réunion, la direction engage élus et organisations syndicales à se faire entendre, comme elle le fait, des « politiques », assemblées parlementaires ou Ministères.

Une évidence, mais le discours que nous portons est certainement, sur bien des sujets, différent de celui de la Direction ! Loin des beaux discours, des grandes théories.

Vos représentants Cfdt au CSE C Extaordinaire :

Jean-Yves Poirier, CSE Guadeloupe ; Christian Vigneau, CSE Saint-Pierre-et Miquelon ; Pascal Lefebvre et Yvonne Roehrig, CSE Réseau F3 ; Majid Bensmail, représentant syndical

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