Nouvelle Calédonie la 1ère : Les journalistes sont devenus des cibles

La Nouvelle Calédonie connaît ce mardi 21 mai, son 9ème jour d’émeutes et l’état d’urgence n’y change pas grand-chose.

Les feux allumés sur les barrages, dans les centres-commerciaux et les entreprises, dans les cœurs, brûlent toujours. La menace est partout. Au coin de chaque rue. Au mitan de chaque route. Pour nos collègues journalistes de Nouvelle Calédonie la 1ère aussi, et peut-être surtout.
Vendredi matin, heure locale, une équipe TV de Nouvelle Calédonie la première s’est fait agresser alors qu’elle couvrait l’actualité, sur un barrage. Caméra cassée, voiture caillassée, puis brûlée. Si nos deux collègues n’ont pas été blessés, ils en sont sortis choqués. A la station la peur règne désormais. La peur de faire simplement son métier.

Certains journalistes, coincés chez eux par les barrages à Dumbéa, partent sur le terrain seuls avec leur voiture personnelle. D’autres, qui peuvent encore se déplacer, craignent de faire une mauvaise rencontre sur le trajet.

D’autant que sur le web, ils sont devenus une cible. Les pyromanes des réseaux sociaux attisent la haine et la violence à leur encontre. Là, plus de distinguo, même combat, indépendantistes et loyalistes visent notre chaîne, mettent nos journalistes au bûcher. Littéralement.

« Tout est tellement clivé, tout va très vite et c’est allé très loin. L’agressivité peut venir de n’importe quel camp », confie un journaliste de NC la 1ère.

Sur les images, relayées ad nauseam, de la voiture siglée en flammes, ce commentaire, menace à peine voilée « Média traditionnel qui relaie de fausses informations = feu ».
Dès la première alerte, une semaine auparavant, les équipes ont alerté la direction. « Ça a commencé vendredi après-midi : une équipe est partie devant le tribunal de Nouméa pour couvrir un rassemblement de la CCAT, la cellule de coordination des actions de terrain.

Mes collègues ont été pointés du doigt, hués et insultés. C’était un précédent qu’il fallait signaler. »

On sent le vent tourner. Il faut protéger ses collègues.

Le DCI (directeur des contenus de l’information) ne veut plus que les journalistes partent seuls, et propose des voitures banalisées.

Dans la semaine, chacun est consulté pour savoir s’il préfère venir en présentiel ou télétravailler. Le numéro d’un psychologue est communiqué.

Vendredi après l’agression, le DCI annonce que les binômes seront accompagnés d’un agent de sécurité lors des reportages de terrain. Et que des casques et des gilets pare-balles seront à disposition.

« Nous avons besoin de protection efficace, d’agents de sécurité armés pour les reportages en extérieur. Les équipes vont s’épuiser : combien de temps cette situation va durer ?

Il nous faut aussi une relève, des renforts pour poursuivre correctement notre travail. »

La CFDT FTV condamne fermement les actes de violence et demande à la direction de France Télévisions de maintenir et de renforcer les mesures en matière de santé et sécurité au travail pour les salariés de NC la 1ère.

Cela inclut la protection des équipes de terrain, la mise en place de récupérations, l’accès à un psychologue du travail, la création d’une cellule d’écoute, et le renfort des équipes.

Ces actions permettront aux salariés sur place d’exercer leur métier, de remplir leur mission en toute sécurité et indépendance.

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