Aujourd’hui, le vent souffle à nouveau du côté de la holding…
Une idée qui a germé dans l’esprit de nombreux acteurs politiques et parlementaires ces dix dernières années, rassemblant l’audiovisuel public – France Télévisions, Radio France, France Media Monde, l’INA – sous une seule entité.
Et voilà que notre nouvelle Ministre de la Culture, Rachida Dati, reprend ce flambeau avec zèle, on se demande pourquoi ? Martelant l’idée d’une « holding » pour renforcer les synergies et mutualisations, au nom d’un service public audiovisuel puissant. Puissant pour qui ?
Mais derrière cette mélodie enjôleuse se cache une réalité plus sombre :
Une gouvernance centralisée, facilitant certainement le contrôle pour nos dirigeants. Des moyens restreints, des économies drastiques, des rédactions fusionnées, une uniformisation de la voix journalistique…
Ça serait donc ça une « BBC à la Française » ?
Tant que notre financement reste précaire, tant que notre indépendance n’est pas garantie, cette comparaison sonne faux.
Nous risquons plutôt de devenir une « simili ORTF », avec pour unique but des économies à tout prix et une mise à la botte.
Les rapports Karouchi-Hugonet, cités par la Ministre, et nos échanges avec ces deux sénateurs, nous laissent craindre le pire : la perte de notre capacité à concurrencer les chaînes privées, à poursuivre nos ambitions journalistiques, à mener des enquêtes dérangeantes pour les puissants. Dérangeons-nous tant que ça ?
Rassembler nos forces dans une holding, est-ce le prélude à une fusion ?
N’oublions pas que l’aventure France Télévisions a commencé par une holding France 2 / France 3, suivie de la fusion des sociétés et de l’intégration de RFO, France 4 et France 5.
Ces changements ont été accompagnés de la renégociation de notre accord collectif et maintenant un pacte social prévu de 2025 à 2028 pointe son bout du nez…
Nos emplois, nos compétences sacrifiés au nom de synergies et d’économies d’échelle ?
Madame la Présidente, lorsque vous rencontrerez la Ministre, rappelez-lui que France Télévisions, ce sont des femmes et des hommes fatigués d’être les victimes des lubies politiques ou technocratiques. Nous n’avons peut-être pas de tracteurs pour bloquer les autoroutes, mais nous trouverons d’autres moyens, plus efficaces, pour faire entendre notre voix, même au cœur de l’été.