Ou comment, partout dans le réseau, on sabote la grève
Depuis le 9 novembre, plus de 600 journaux télévisés régionaux ont été annulés sur France 3 ou remplacés par des bobines.
A quel prix.
Pressions, intimidations, remplacements sauvages de grévistes, volontariat inopiné, fausses informations, propos galvanisants et chimériques. Tout est fait en local pour, au mieux, démotiver les grévistes, au pire occulter le mouvement. Quitte à bafouer la loi et la morale. Pour le dialogue social, ce vendredi 24 novembre, est aussi un jour noir.
Florilège.
A Nancy, Toulouse, Strasbourg, l’adjoint remplace le chef d’édition gréviste. Parfois « volontairement » et avec zèle. Que cherchent-ils à prouver au juste ? Que les chefs d’édition ne sont pas totalement indispensables jusqu’à la fin du JT ? Que ces JT à rallonge, de 40 minutes peuvent très bien se faire sans eux ?
A Orléans ou Antibes : remplacement par un JRI d’un rédacteur gréviste. Ou vice et versa. Sans qu’ils n’aient de compétence complémentaire. Des recompositions fréquentes, histoire de tourner les sujets coûte que coûte, en dépit des règles en vigueur.
On voit aussi fleurir partout, légal mais moralement répréhensible, des « rustines ». Exemples ? Enregistrements de hubs et de chroniques pour la bobine du soir, mettant les journalistes concernés sous pression et en porte à faux. Des scriptes grévistes une heure qui préparent en amont les synthés … pour les bobines. Des monteurs, eux, sommés de titrer les sujets.
Question rustine, la Bretagne a trouvé le must du must. Les plateaux devaient être tournés dans l’open space par un JRI parce que les OPS de régie étaient en grève. Le Jri a refusé.
Que dire de cette initiative à Lille d’associer un JRI de France 3 à une journaliste de France Bleu pour réaliser plusieurs duplex dans une édition spéciale Ici matin dont l’un est enregistré et diffusé dans le JT et qui remplace de fait un CDD ou CDI de France 3 ? Un gréviste potentiel ?
Que dire aussi de ces fausses informations véhiculées par ci par là sur les modalités de grève ?? Ici et là de fausses informations circulent quant aux retenues sur salaire pour grève. Partout ailleurs, que, « le projet des bobines nationales semble abandonné à ce stade des négociations » Ha ? Jamais les organisations syndicales n’en ont été averties …
Et ça, tout ça, nous l’imaginons bien, n’est que la partie émergée de l’iceberg que le mouvement social se prend, tous les jours, dans la bobine. Ce n’est pas faire preuve d’intelligence ni d’humanité que de passer en force, de bafouer le droit de grève. En minimisant, à tout prix, l’impact de cette grève, vous minimisez aussi la colère et la souffrance.
La CFDT encourage tout salarié ayant été témoin de ce genre de pratiques à se rapprocher de leurs délégués syndicaux et représentants du personnel. En cas de délit avéré, l’inspection du travail sera saisie.