Quelques jours avant le CSE du réseau France3, les présidentes de France Télévisions et de France Bleu profitaient d’un déplacement à France3 Rennes pour exposer une nouvelle feuille de route : dès 2024 le public verra la montée en puissance de leur marque commune : ICI, et le rêve d’un audiovisuel public de qualité
Les représentants du personnel ramènent la direction du réseau à la vraie vie : les nouveaux JT mettent déjà à mal les salariés [Lire ICI liminaire] alors qu’elle se doit de protéger leur santé. Le doux rêve doit descendre sur terre. Il doit être confronté aux dures réalités du réseau : fatigue, stress, surcharge de travail, qualité empêchée, JT mutualisés et/ou annulés …
Pourtant, pour susciter l’adhésion, il existe une recette éprouvée ; la co-construction ; c’est ce que la direction a admis tant sur le projet de tournages, en interne, d’images aériennes (drones) que pour l’expérimentation de la régie automatisée (OverDrive). Et nous ne parlons pas là des pseudos ateliers, chambres d’enregistrement de décisions prises en haut-lieu et en amont.
Le travail réel : les scriptes en détresse !
Après une tentative du directeur de l’information (Erik Berg) de convaincre le CSE que les « JT ont de la gueule », de décrire avec enthousiasme des rencontres avec des salariés satisfaits, les élus constatent plutôt que les collectifs s’épuisent et perdent le sens de leur travail comme l’avait prédit l’expertise sur Tempo. [Lire ICI tract Ici et là le chaos]
Mais pourquoi donc la Direction n’a pas daigné observer les préconisations des élus du CSE ? Au cours de cette réunion, nous avons relayé des témoignages édifiants et poignants de scriptes en danger, Philippe Martinetti a été saisi en parallèle par tous les syndicats pour mettre urgemment en place des actions correctrices pour soulager l’activité des scriptes.
Mais les élus alertent aussi la direction sur tous les autres métiers qui subissent depuis la rentrée une inquiétante dégradation de leurs conditions de travail. Il est urgent de déployer les moyens pour revoir des organisations du travail saines.
Une politique de santé au travail en dessous de tout
À l’écoute du compte-rendu de la Commission Santé Sécurité et Conditions de travail (CSSCT), nous comprenons que la prévention des risques professionnels n’est malheureusement pas assimilée partout dans les pratiques managériales ou RH du réseau France3.
Les élus constatent que certaines directions régionales ne prennent pas la mesure des moyens à mettre en œuvre pour protéger la santé des collectifs, et les intentions de réduire l’absentéisme en concertation avec les représentants du personnel sont peu perceptibles malgré les divers COPIL, EVL qui ont été mis en place.
Plusieurs Inspecteurs du Travail interrogent aussi notre direction sur les mesures de prévention pour le réseau, le débat est loin d’être clos !
Quel développement avec la radio ?
Si plusieurs antennes accueillent déjà ICI matin, D. Ernotte veut « une révolution copernicienne » dès 2024 vers un média global tv/web/radio commun à FTV et Radio France. En termes de timing cela nous semble bien scabreux, voire carrément dangereux. [Lire ICI tract rapprochement France 3/ France Bleu]
À défaut de documents, c’est sur la base des articles de presse ou de sources syndicales, que les élus interpellent la direction du réseau. Elle se veut rassurante : pas de fusion, pas de changements de notre activité ni de nos métiers, rien d’encore décidé… mais elle reconnaît qu’elle pourrait s’inspirer des stations d’Outre-Mer où les collègues doivent écrire indistinctement pour la radio la Tv et le web le même jour. Ça se précise donc un peu quand même et cette « inspiration » outrepasse largement le « simple rapprochement » avec France Bleu qu’on nous serine au CSE. Le média global, nous c’est clair, on n’en veut pas.
C’est une « réflexion en cours » nous dit-on. À France Bleu, la direction est plus précise sur les changements attendus. Nous déplorons cette « inégalité d’informations » entre les deux structures.
Immobilier : un schéma directeur contestable, et contesté
Quoiqu’il en soit, depuis quelques mois, les projets immobiliers intègrent l’option de locaux communs avec France Bleu. La Direction Immobilière applique un « schéma directeur » que les élus aimeraient connaitre depuis plusieurs années pour pouvoir en débattre, mais si le point était à l’ordre du jour, hélas, le seul document fourni retrace uniquement les projets en cours et à venir.
Toutefois, profitant de la présence du responsable de la Direction Immobilière (Olivier Guyon-Sangnier), un débat a lieu sur la conception des locaux de travail. Les élus attendent d’ailleurs un retour d’expérience des locaux « modèles » tels que Rouen ou Poitiers, pour évaluer le principe du « bureau nomade » (flex-office) ou s’inquiètent du devenir du site de Strasbourg pour lequel les « grands architectes maison » estiment qu’une cantine, des jardins partagés, des espaces de détentes ne sont pas des priorités. Le bien-être au travail ? Au cagibi. [Lire ICI Site France 3 Alsace : moins d’espace, moins de verdure et des bureaux nomades]
Les élus défendent eux le droit à un environnement de travail agréable et favorisant le lien social, surtout quand l’activité est de plus en contraignante ! Finalement, la direction accède à une demande récurrente des élus : que les Représentants de Proximité, puis les salariés, soient associés le plus en amont des projets immobiliers, pas au moment de choisir la couleur du papier peint.
Ensemble c’est mieux
Quand la direction est à l’écoute des salariés (« les sachants »), ça va tout de suite mieux. C’est l’exemple unanimement salué au cours de ce CSE : le projet de déploiement de drones en régions. [Lire ICI dossier exploitation de drone]
Un projet qui « part de la base ». Plusieurs salariés se sont formés à titre personnel comme Télépilotes, nous utilisions des prestations, assez onéreuses, pour disposer de vues aériennes, il s’agira dans quelques temps de profiter d’une compétence en interne extrêmement cadrée sur les règles de sécurité, un déploiement de 12 machines, qui pourra évoluer à la hausse si tous respectent les consignes.
Dans le même état d’esprit, l’expérimentation d’un dispositif d’automatisation de la régie (OverDrive) vient de d’aboutir. Le bilan, partagé par les salariés « testeurs » et la direction de moyens techniques, conclut que le déploiement de cet outil ne correspond pas dans l’état à nos contraintes, notamment de la réactivité nécessaire dans nos JT.
Toutefois, puisque les salariés ont apprécié ce travail de partage d’expériences et de compétences sur des nouvelles technologies, près de la moitié d’entre eux seraient partants pour continuer d’explorer ces outils dans des conditions proches du réel au Site de Qualification de Strasbourg. Reste à déterminer le cadrage de ce prolongement.