La décentralisation. Ici ? Ou là ?
« Je suis un décentralisateur », déclare Philippe Martinetti en ouverture de séance. « Il n’y a plus de baronnies, le rôle des directeurs régionaux est d’être au plus près du terrain ! »
Le ton est donné.
Que vous y alliez en « Moonwalk » (Lire ICI Liminaire) avec appréhensions ou réticences n’y changera rien. Cette rentrée 2023 sera celle d’une nouvelle ère.
« Le visage des chaines régionales va changer mais cela va renforcer le poids du réseau régional et surtout cela permettra de ne plus remettre en cause l’existence de France 3 » explique le directeur du réseau.
Il entend donc voir le verre à moitié plein et nous enjoint à faire de même. Avoir la tête sous l’eau : oui, mais dans un demi-verre, c’est mieux.
« Tout ne va pas si mal ! » nous répète-t-on tel un mantra. Il faut penser positif !
« Des renforts sont prévus », « des formations sont en cours dans les antennes » et surtout « le projet a été bien préparé » lance Eric Berg, le tout nouveau directeur de l’information des régions. Enthousiaste, il se sait fort d’un « dossier bien préparé » et d’une équipe « motivée ». Il remplace, Sophie Guilin jusque-là pilote du projet Tempo et qui a, elle, visiblement perdu son bel enthousiasme et sa motivation. Elle a préféré partir là-bas.
Exit Tempo, bienvenu ICI !
Vous ne le savez pas et c’est normal puisqu’aucune communication n’a eu lieu ni en interne, ni en direction de nos téléspectateurs. « Tempo » est devenu « ICI » depuis le 4 septembre. Une révolution en sourdine mais une évolution majeure. Une évolution évolutive voilà.
Oui ICI, nous sommes modernes et audacieux, nous optons pour le « work in progress », quitte à ce qu’à l’antenne, le résultat soit, pour l’instant, à l’état de brouillon.
Si tel est le cas, rassurez-vous, un bilan d’étape permettra dans 3 mois d’ajuster ce qui doit l’être.
D’ailleurs, à J-3, le directeur de l’information des régions « ne voit pas le crash annoncé ». C’est peut-être parce qu’il n’a pas lu, de son propre aveu, le rapport d’expertise sur les conséquences de Tempo, sur les conditions de travail et la santé des salariés.
C’est bien dommage et c’est pour le moins révélateur de la manière dont la direction traite ce dossier. Ignorer les courriers de l’inspecteur du travail de Rouen, les questions d’amplitude horaire, de charge mentale. Là, ce n’est pas voir de verre du tout. Ni avoir de verres progressifs d’ailleurs.
Un verre qui se vide régulièrement. (Lire ICI CR Commission emploi/formation)
La répartition des 55 ETP promis pour le réseau sera connue le 22 septembre en commission éco. Et ne vous faites pas d’illusions, quand on parle d’ETP, on ne parle pas de postes. « On verra plus tard en fonction des remontées, et des retours d’expérience ».
En attendant, les ETP serviront à boucher les trous dans la coque et notamment dans la filière édition particulièrement impactée par ICI.
Avec une baisse des effectifs permanents de 76 salariés en un an, le réseau accuse toujours le coup des départs en RCC (2593 salariés au 31 mars 2023 contre 2669 au 31 mars 2022).
Les baisses les plus significatives (de mars 2022 à mars 2023) concernent la Normandie (-11 permanents), la Bourgogne Franche Comté (-10 permanents) et l’Occitanie (-10 permanents). Régions où, par magie, nous le verrons aussi pour le numérique, le nombre d’alternants est élevé.
Une baisse des effectifs en partie compensée par les heures supplémentaires mais aussi par un accroissement du recours aux CDD dans les antennes (+40,1 ETP non permanents de mars 2022 à mars 2023) sauf dans la région Grand-Est (-5 ETP non permanents). Le bon élève est toujours premier de la classe. À quel prix (et pas d’honneur). Le Grand-Est est, déjà, noyé sous les RPS, alertes, enquêtes et expertises qui ne trouvent pas d’issue. L’Inspection du travail, elle, a mis une mauvaise note.
Ne cherchez plus, arrêtez de sacrifier la santé des salariés…
Numérique aux abonnés absents. (Lire CR CASAR avril 2023 et juin 2023)
Relégué en Ligue 2, le web est le grand perdant de la révolution ICI. Encore une fois.
Le « web first » n’est plus qu’un lointain souvenir, on est plus dans le « web what ? ». Dans la plupart des antennes, les éditeurs web absents ne sont pas remplacés et les postes d’adjoints au numérique sont vacants. La faute à la crise des vocations dans l’encadrement mais surtout au manque de moyens, aux recours généralisé à l’alternance et à la nouvelle organisation du numérique attendue depuis plus d’un an et qui peine à voir le jour.
Dans le réseau, aucune harmonie des pratiques. A Lyon, Lille … des journalistes web spécialisés, à Strasbourg, non. C’est pourtant la consigne. « Je ne vais pas aller dans chaque antenne faire le gendarme, je ne m’explique pas de telles disparités, les consignes descendent … pour le reste … » gronde Xavier Riboulet.
Ici des adjoints numériques à temps plein, là-bas c’est deux jours sur cinq, ça tourne, ça mouline, ça patauge.
« Nous allons poser un socle commun numérique comme l’instauration de deux contributeurs web les week-ends » précise ce dernier. Un socle commun oui d’accord, encore faut-il qu’il soit appliqué.
Ce qu’il y de commun déjà, dans le réseau, sur le numérique, ne soyons pas trop mauvaises langues, ce sont les alternants. Ils sont partout et même là où on ne les attend pas. Ils relisent les papiers, les valident, forment même les nouveaux CDD, assurent la continuité éditoriale. Ils ne sont pourtant que des apprenants, qui plus est de passage. L’édifice tient sur des échasses à roulettes.
Une réunion sur les UCC et sur les métiers du numérique est prévue le 14 septembre et permettra peut-être de remettre les choses à plat. A suivre.
France Bleu/France 3 : diffusion simultanée.
La direction travaille à un renforcement de la proximité, sur des thématiques très ciblées localement, en faisant occasionnellement des diffusions sur les zones de diffusion de France Bleu (par exemple sur le seul Vaucluse ou sur la zone de la locale de Perpignan) en parallèle de la diffusion habituelle pour le reste de la région.
Les modalités ne sont pas définies, mais la direction souhaite construire ces émissions avec France Bleu et les diffuser en simultané sur les deux antennes.
Un Dimanche en Politique a, par exemple, été réalisé à Perpignan dans les studios de France Bleu avec les caméras automatisées de la Matinale. Un test non concluant en termes de mise en images, selon le directeur du réseau.
NoA : chaîne du sport ?
La direction réfléchit à une réorientation de NoA vers le sport. La chaine numérique effectue déjà plus de 100 retransmissions par an, selon la direction, et c’est le sport qui fonctionne le mieux.
Pour Philippe Martinetti, il faut trouver un modèle cohérent éditorialement et qui ne soit pas un empilement de programmes. Espérons qu’il y ait concertation…
Appli ICI : peu d’évolutions.
Les doublons, voire triplons, sur la plateforme ICI risquent de perdurer. France télévisions souhaite privilégier ses propres plateformes. Indigeste ?
Faire un choix entre les contenus France 3 et France Bleu réduirait mécaniquement le nombre de publications régionales de France 3 sur Franceinfo, donc il va falloir faire avec…
Égalité professionnelle : le réseau fait moins bien que le siège, mais aussi bien que la Nouvelle Calédonie et Wallis et Futuna ! (Lire ICI CR Commission Égalité professionnelle)
Le réseau comptait en 2022, 44,6% de femmes (1461 hommes et 1177 femmes) contre 46,2% pour FTV. Comme l’an dernier, ces chiffres cachent la baisse globale des effectifs de l’entreprise avec le départ de beaucoup plus d’hommes que de femmes.
Néanmoins, deux régions sont encore sous la barre des 40% de femmes : Normandie (39,6%) et Bourgogne Franche-Comté (38,7%).
Globalement, les disparités salariales tendent à se réduire mais mieux vaut ne pas y regarder de trop près.
Des écarts subsistent : –1,5% en défaveur des femmes chez les PTA et de –3,5% chez les journalistes (mais avec une différence d’ancienneté de 2 ans).
Aucun chiffre, en revanche, sur le nombre de signalements, d’enquêtes ou de mesures prises sur la lutte contre les agissements sexistes, harcèlement et agressions sexuelles. La direction n’est pas à un paradoxe près. D’un côté, elle se félicite de cette nouveauté dans l’accord égalité. De l’autre, elle n’entend pas communiquer sur le sujet. Etrange ! Et surtout incompréhensible !
Incompréhensibles, tout comme les nouveaux horaires d’Ici qui vont très certainement contraindre les femmes du réseau. Ce sont elles, oui encore hélas, qui ont une charge mentale élevée. Ce sont elles qui vont finir plus tard. La direction a-t-elle songé à une prise en charge des nounous ? Un roulement dans les vacations ? Des aménagements du temps de travail ? La semaine des 4 jours ? Pas vraiment non …
Les élus demandent également que la direction réfléchisse à congés menstruel. Certaines entreprises françaises l’ont déjà instauré. Ce serait, selon nous, une belle avancée sociale pour les femmes qui souffrent de règles douloureuses. Pour quasi toutes les femmes donc.
Nouveaux Représentants de Proximité :
- Midi-Pyrénées :
Ophélie Le Piver succède à Marie-Pierre Fournier en tant que RP titulaire.
Et Camille SAISEAU succède à Valérie Jach en tant que RP suppléant.
- Alsace :
Christophe Steiner (aujourd’hui suppléant) est désigné RP titulaire en remplacement d’Henri Weiken.
- Bourgogne :
Gabriel Talon succède à Tiphaine Pfeiffer en tant RP suppléant.
Prochain CSE Réseau les 20 et 21 septembre prochains.
Votre représentante Cfdt au CSE et vos élus présents à cette réunion :
Séverine Dangin (Metz), Pascal Duquenne (Lille), Olivier Mélinand (Brest),
Pascal Lefebvre (Lille), Bruno Espalieu (Lille), Cécile Poure (Strasbourg)