Pour commencer ce tract, une fois n’est pas coutume, un peu de littérature.
« Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. » G.Orwell 1984
A méditer. Surtout quand nous appartenons à une entreprise dont la mission première est d’informer consciencieusement les publics. La communication interne ne devrait pas piétiner cette règle d’intégrité intellectuelle qui fonde la confiance
Or, cette dernière communique tel le Parti. Nous sommes presque en 2024, nous sommes en 1984.
Dans un mail diffusé hier à l’ensemble des salariés du réseau, la direction présente un monde merveilleux où sueur et persévérance ont triomphé. C’est aussi beau que faux. « Après de longs mois de travail acharné des équipes projet, éditoriales et techniques, d’efforts conjoints et de collaboration, le déploiement s’est déroulé en respectant le planning établi et dans de très bonnes conditions. »
A Orléans, le 3 mai dernier, la bascule d’OpenMedia s’est faite dans les larmes. Celles de la présentatrice, submergée par le stress suite à un JT chaotique où scripte, chef d’édition, adjoint ont couru en tous sens. A leurs côtés, surplombants, immobiles, les superviseurs parisiens n’ont rien vu. Ou ont ignoré. Ils se congratulent. C’est formidable n’est-ce pas ? Cet instant de grâce sera filmé par un prestataire extérieur pour la postérité.
A Amiens, c’est la scripte qui a pleuré. Hors champs. Et d’ailleurs, à Orléans encore, une alerte pour danger grave et imminent a été posée sur les scriptes suite au déploiement d’OpenMedia.
Alors non, nous ne voulons pas poursuivre «sur cette lancée et continuer à contribuer et à faciliter les échanges humains et technologiques au service de la qualité de l’information ». Pas ainsi. Parce que les premiers essais Tempo sont, à Orléans par exemple, tout aussi catastrophiques.
Tout aussi télégéniques. Là encore, une équipe de communication est venue tourner ce moment historique qui préfigure des lendemains radieux. La direction régionale n’en a été informée que la veille, les salariés eux, le matin-même. Ils ont, pour certains, dû participer à ce mauvais film sans qu’on ne daigne demander leur accord. Le droit à l’image n’est pas valable pour tout le monde.
L’image d’Epinal si. Et c’est insupportable.
Qui croyez-vous duper avec vos belles phrases creuses ?
Qui voulez-vous séduire en trompant ainsi les salariés du réseau ?
Qui êtes-vous pour ainsi distordre la réalité ?
Ceux qui savent, ceux qui pleurent, ceux qui vous lisent prennent vos mots riants comme une offense. Tempo, ce mirage que vous nous fantasmez, cette uchronie, est pour certains un cauchemar. Réveillez-vous. Ouvrez les yeux.