Vu d’ici, c’est-à-dire au Siège, le 4 septembre n’évoquera plus seulement la date de la proclamation de la 3ème République française en1870.
Car pour beaucoup d’entre nous, si le projet Tempo est appliqué, ce sera la date qu’aura choisi la Direction pour amorcer le délitement de l’information Nationale diffusée en Région…
Une fenêtre se fermera sur France 3.
191 pages de l’info-consultation du 4 avril dernier nous détaillent la mise en œuvre du Projet Tempo.
191 pages qui s’évertuent à justifier les disparitions de nos deux éditions nationales de F3 et la mise en orbite de cet OVNI qu’est Tempo.
Et les arguments mis en avant pour justifier ce nouveau format posent questions :
Que faut-il comprendre lorsque l’on entend :
« Le projet Tempo renverse la logique éditoriale, remet les antennes régionales au centre et porte ainsi un enjeu démocratique, dans une logique de décentralisation. »
Il y avait donc un problème démocratique depuis 1986 avec les éditions nationales ?
Deux rendez-vous majeurs de l’information, le 12/13 et le 19/20, plébiscités par les téléspectateurs, ont donc portés atteinte à la démocratie pendant 37 années de par son articulation avec les régions ?…
Alors pourquoi ne pas l’avoir dénoncé plus tôt ?
Autre affirmation pour le moins étonnante :
« La clarification de son positionnement renforce l’ambition démocratique de la chaîne, le sens au travail et de la fierté d’appartenance pour les collaborateurs. »
Ah bon ? Apparemment pas pour tout le monde !
Car au Siège c’est la tristesse et l’écœurement qui prévaut. Certainement pas « le sens du travail et la fierté d’appartenance pour les collaborateurs ».
Ce ne sont au mieux que des mots vides de sens et au pire une insulte pour toutes celles et ceux qui se sont battus pour fabriquer une offre d’information digne de ce nom.
Tempo, pour la Rédaction Nationale, ce sont des services qui seront plus impactés que d’autre.
Notamment le service montage et celui de l’infographie.
Le montage car c’est 1/3 de monteurs en moins pour la fabrication des sujets par rapport aux anciennes éditions.
Ce sont des pertes de revenus avec des éléments variables qui disparaissent.
Ce sont aussi des aberrations de planifications :
Comme planifier un monteur de 9h30 à 20h30 ce qui se traduit par une journée proprement épuisante !
Rappelons que parmi toutes les catégories professionnelles de FTV ce sont les monteurs qui ont été majoritaires pour un départ en RCC ce qui prouve bien que leur activité les use.
Autre aberration : planifier un seul monteur de 15h00 à 23h45 le samedi et le dimanche ! Espérons que ce monteur ne déprime pas seul dans sa salle de montage sursautant au moindre bruit suspect dans des couloirs déserts.
Difficile de parler de « collectif de travail » ensuite..!
Nous avons donc beaucoup de difficultés à cerner « l’enjeu social des collaborateurs » que porterait Tempo.
En ce qui concerne l’infographie :
L’augmentation des vacations entrainera un rythme beaucoup plus soutenu dans ce service.
Pour les infographistes il est à craindre des risques psychosociaux car ils devront faire face à une inflation de demandes de la part de F3, PIDF et de FI qui les submergeront.
Les infographistes du Siège se posent d’ores et déjà des questions quant à la faisabilité des demandes face aux problèmes techniques qu’ils vont rencontrer.
Comment « habiller » des plateaux qui sont différents selon les régions ?
Ou encore, seront-ils en mesure d’utiliser la photothèque pour le Réseau alors qu’à priori celui-ci n’a pas de droit d’accès ? Des problèmes juridiques se posent.
Et plus généralement, pour l’ensemble des salariés du Siège qui participeront à l’élaboration des éditions de Tempo, il accusera une dissonance cognitive :
Alors que la Direction ne cesse de mettre en avant « le sens au travail » nous sommes en droit de nous demander quel sens, effectivement, il y’a de fabriquer un sujet et de ne pas connaître son devenir ? Ne pas savoir dans quelle région il passera, de ne pouvoir le voir en direct dans un JT et d’en mesurer sa valeur….
Le projet Tempo tel qu’il est présenté dans les documents de cette info consultation présente un défaut majeur : il est hors sol.
Ce concept se fracassera contre la réalité de la fabrication des éditions « Ici 12/13 » et « Ici 19/20 »…
Une chose est sûre : ce sont les salariés qui en feront les frais.