Il parait que le phénomène se répand : les salariés n’ont plus envie. Ils sont démotivés, fatigués. Ils se « recentrent » sur leur vie personnelle, leurs activités extra-professionnelles, et ne s’investissent plus dans leur travail. Ils font leur job mais pas plus.
Cela a un nom, le « quiet quitting ». Après le « burn out », le « bore out » et le « brown out », voici donc un nouveau phénomène qui inquiète, parait-il, DRH et employeurs.
Alors, la démission silencieuse, en français, frappe t’elle aussi l’entreprise France Télévisions ?
Avec un taux d’absentéisme de plus de 7 % pour maladie, le réseau France 3 affiche deux points de plus que la moyenne française. Ses salariés seraient-ils plus fragiles ou en moins bonne santé que les autres salariés français ? Ou ce taux élevé serait-il simplement un symptôme de cette démission silencieuse ?
Toujours est-il que le désengagement professionnel fait son chemin parmi les salariés.
Plus envie de s’investir dans des projets qui démolissent trop souvent leur métier, dégradent leurs conditions de travail. Ou encore, dans des projets évolutifs, parfois même mort-nés. Le tout sans perspectives d’évolution de carrière ou salariale.
Au sur-engagement de certains succède la déception. D’autres « se protègent » et estiment que pour préserver leur santé mentale, ils doivent prendre du recul par rapport à leur travail. Ceci à un moment où le réseau régional doit, une fois de plus, se transformer, pour répondre aux injonctions de « régionalisation ». Une régionalisation comme toujours, imaginée par « Paris », aux contours extrêmement flous, sans moyens supplémentaires, et à l’objectif douteux.
S’agit-il, en réalité, de régionaliser ou de simplement répartir autrement les moyens affectés aujourd’hui aux éditions nationales de la 3, pour les basculer : beaucoup sur France Info et le numérique, et un peu sur le réseau ?
Humainement, le constat est édifiant ! France Télévisions ne parvient pas à motiver ses salariés, à reconnaitre leur travail, ni même à leur offrir un environnement de travail serein et épanouissant.
Réduction des effectifs, augmentation de la charge de travail, évolutions des métiers et des technologies, des encadrants et des RH qui ne savent pas répondre aux interrogations légitimes, et l’impression des salariés que même les choses simples deviennent complexes.
Un exemple : les documentalistes dans le réseau sont sous tension dans certaines antennes, pas de remplacement, pas de CDD immatriculés. Pourtant, des docs, il y en a sur le marché du travail.
Autre exemple : alors qu’un accord sur Vendargues vient d’être signé, nous apprenons qu’une partie de cet accord ne serait pas appliqué. Aucune organisation syndicale ne semble en être informée, pourtant la mise en œuvre de l’accord serait discutée en instance de proximité à La Fabrique Sud. Voilà comment France Télévisions réinvente les règles du dialogue social…
Du coup, on s’interroge : le « quiet quitting » serait-il un outil de management à France Télévisions ?
Un salarié désengagé ne râle pas. Ne demande rien, fait ce qu’on lui dit de faire et pas plus. Ne réclame pas de moyens, ni d’évolution de carrière puisqu’il reste lucide. Ne se syndique pas, puisque l’entreprise ne l’intéresse plus. Au fond, ce « quiet quitting », ne vous arrangerait-il pas ?