Mai 2022
Après deux mois d’interruption, on reprend nos bonnes vieilles habitudes. Non sans vous avoir, au préalable, remercier pour votre soutien et votre vote aux dernières élections professionnelles.
Grâce à vous, la CFDT FTV arrive en tête dans l’antenne d’Alsace avec 47.11% des voix. Désormais nous sommes deux RP titulaires CFDT à siéger dans cette instance : Cécile Poure et Richard Madragore.
Nouveauté cette année, nous avons trois suppléants : Maud Fiorot, Marie-Eve Beauclair et Christian Laemmel.
Chacun sa façon de compter. Selon certaine base de calcul nous sommes 5RP CFDT en Alsace. Par souci de pluralisme et de transparence, nous
tenions à vous expliquer que nous devrions même être 6. Nous avons fait le choix de céder un siège à Michel Di Venanzio (CGT) qui a toute sa place en RP mais exclu théoriquement de l’instance au vu des résultats de la CGT en Alsace.
La Casar c’est pas l’Andalousie
Comme chaque mois depuis la création de la CASAR, ( Commission d’Anticipation, de Suivi et d’Ajustement de la Régionalisation, tout ça tout ça) son pilote Xavier Riboulet, directeur du projet proximité, vient nous présenter le bilan de cette instance au nom et aux missions exotiques.
Las, les mandats étant suspendus le temps de ces élections professionnelles bien poussives, la Casar ne s’est pas réunie. A France Télévisions on aime bien les réunions mais pas au point de les faire sans personne.
Donc plutôt qu’un bilan, nous aurons les perspectives de la future réunion Casar qui se tiendra dans une semaine. La régie pilote installée, comme vous le savez, à Strasbourg a été présentée aux directeurs régionaux avant de recevoir la visite des rédacteurs en chef et des chefs de centre.
Nous demandons également une visite guidée. Y a pas de raison.
Dus à certains retards sur la livraison de pièces et à la mise en place du NRCS dans le réseau, la régie devrait être tout à fait opérationnelle en janvier 2023 (mise en image, phase de tests et régie Mozart).
L’appel à candidature pour recruter les PTA désireux de travailler, en Alsace, sur ce nouvel outil aura lieu au dernier trimestre 2022.
Quant aux matinales, leur déploiement se poursuit sur le réseau ; 28 d’ici la fin de l’année, 37 en 2023 et 44 en 2024. Avec comme changement majeur dans ce produit télévisuel si peu satisfaisant : une Marie-Louise « plus moderne et dynamique ». Ca change tout.
La plateforme I.C.I désormais disponible sur IOS évoluera également : une V2 en juin/juillet, une V3 plus performante en septembre, une V4 ensuite. 260 000 personnes consulteraient cette application révolutionnaire qui, malgré les updates promises, restent bas de plafond. Elle n’est qu’un déversoir des contenus de France Bleu et de France 3, surtout France Bleu à vrai dire, jetés là, sans hiérarchie, sans plus-value, sans trop d’envie si ce n’est celle de faire plaisir à la tutelle.
On bricole, on dédouble, on compile : bref, rien de neuf sous le Soleil de la Casar. Et la régionalisation qu’on nous vantait tant, parlant même, fût un temps, de chaines régionales, puis de chaîne « à vocation régionale » n’est plus qu’une proximité d’affichage LED.
Les CDD à l’Ibis Budget
Alors que les CDI en frais de mission peuvent bénéficier du régime spécifique à Strasbourg (ville particulièrement chère au niveau hôtelier : tourisme + sessions européennes), les CDD, eux, nombreux à venir pourtant, sont au régime général enfin non même pas.
Ils sont classés dans « autres frais » et ne bénéficient pas de frais de mission mais de défraiements de mobilité. Vous apprécierez la nuance.
Exemple : un CDI venant de Paris pour travailler à Strasbourg peut bénéficier d’un défraiement de 155 euros pour une journée complète (régime spécifique). Un CDD venant de la même ville pour accomplir la même mission, heu non pardon, les mêmes tâches, aura droit lui à 24 euros (repas du soir) + 74 euros de découcher (avec petit déjeuner) + 1 TR ou 1 RZR le cas échéant.
Catherine Patout, DRH de France 3 Grand Est, souligne la chance qu’on les collaborateurs de France 3 d’être défrayés. Peut-être, mais cela ne justifie pas, selon, nous une telle disparité de traitement. D’autant que les CDD sont beaucoup plus vulnérables, précaires et doivent, déjà, avancer des sommes astronomiques pour devoir simplement faire leur travail.
Heureusement, la direction Grand-Est a trouvé la solution. Un accord avec l’Ibis Budget. 74 euros la nuit et le petit déjeuner, pile dans le budget, et ce toute l’année. Pas trop le choix pour les CDD donc. Et surtout, nous ne sommes pas certains, du tout du tout, qu’à l’heure des sessions parlementaires ou du marché de Noel, l’Ibis Budget joue le jeu des petits budgets justement.
La situation s’est d’ailleurs déjà présentée. Le CDD en question n’a pas pu dormir à l’Ibis Budget faute de place. Il n’a pas eu non plus l’autorisation de dépasser le plafond fatidique. On fait quoi alors ?
« Nous respectons les règles comptables et les accords » conclue Catherine Patout.
Nous avons consulté notre avocat-conseil à ce sujet.
L’impermance des permanences
Il arrive de plus en plus souvent que les journalistes de permanence ( 10h-19h30) soient invités à venir avant 10h justement tout en restant jusqu’à 19h30. Une fois, ce n’est pas un drame, deux fois bon ça arrive mais trois fois là, ça questionne et ça gratte.
Pourquoi mettre en place des horaires de permanence si elles ne sont pas respectées ?
« Nous avons besoin de journalistes présents jusqu’à 19h30, c’est pour cela que nous avons mis en place cette vacation. » explique la rédactrice en chef. Certes et c’est bien compréhensible mais là n’est pas la question.
Quitte à mettre des horaires, autant les respecter. « C’est compliqué, il faut s’adapter aux besoins des JT, être souple, tout dépend de l’actualité. » Ne pourrait-on pas simplement faire un effort d’organisation ou attention gros mot, de prévisions ? Certaines personnes de permanence partent avant celles qui sont planifiées en horaires disons standards. Là c’est bizarre quand même ?
« Si ça ne vas pas, il n’y aura plus d’horaires sur le planning, on viendra à 8h et on finira à l’heure qu’il faut, on fera le forfait jour, le vrai » signale l’encadrement.
Sachant que le forfait jour exclut de facto toute horaire (mais planifie seulement des tâches), si on l’applique, à la règle, impossible de faire venir les salariés à 8h tous les jours non plus. Pas bien raisonnable tout ça.
Que faire alors ? Juste un peu plus attention peut-être ?
Le 18h30, c’est choli
Pour le 18h30, il est demandé, parfois, aux JRI de faire de belles images de fin (les plus belles places de Strasbourg, les plus belles maisons du Bas-Rhin …). Esthétiques certes mais sans aucun contenu journalistique à proprement parler.
Pourquoi ne pas planifier des OPV sur ce genre de journée “tout image” ? Car après tout, il y a encore et heureusement des OPV dans cette maison, planifiés parfois aussi en maintenance. Eux aussi savent faire de belles images, du cadrage. C’est même, tiens, leur métier.
« Nous sommes parfois en sureffectifs de JRI, nous en profitons pour les planifier sur de belles images, tout simplement. On donne une liste, les JRI ont toute la journée pour faire ce qu’ils peuvent, sans pression, sans aucune obligation. »
C’est bien de le préciser. Sans obligation. Parce que nous on pense que, si certains JRI aiment passer leur journée dans leur voiture à chercher des belles maisons (sacrée investigation), d’autres aimeraient faire du journalisme. Qui n’est pas, désolés de le dire, faire de belles images.
Du calage peut-être ? De la recherche d’idées ? Ce ne serait pas du luxe à la veille des grandes vacances, un peu creuses par définition ?
« Si jamais la personne préfère faire du calage, possibilité oui de demander, il n’ y a pas de souci. » précise la rédactrice en chef. « Je vais voir aussi avec Olivier Robert quand les OPV sont en maintenance de les planifier dessus. » Vous voilà donc informés. Pas d’obligation.
RTTE on tourne en rond
Les délais de pose des RTTE ne sont toujours pas respectés à la rédaction. Le délai de prévenance est de sept jours sauf circonstances exceptionnelles. C’est écrit noir sur blanc. Pour autant, non, à la rédaction, ça veut pas ou plutôt ça peut pas.
Nous nous étions pourtant mis d’accord avec la rédactrice en chef : pour laisser plus de souplesse dans le planning, elle devait envoyer un mail aux salariés susceptibles d’avoir une RTTE dans les 7 jours. En cas de nécessité, le salarié pouvait émettre le souhait de la garder absolument. Un bon compromis. Pour tout le monde.
Ces mails ont fait long feu. Plus rien. Les RTTE sont posées, enlevées; changent parfois même le vendredi soir après la sortie du planning. « C’est qu’il y a beaucoup de circonstances exceptionnelles dans le planning ». Nous n’avons pas la même définition du mot exceptionnel alors.
Pour rappel. Exceptionnel (Robert) : qui constitue une exception, qui est hors de l’ordinaire. Une longue maladie, une erreur de planning n’est pas selon nous, ni pour Robert, une exception.
Nous demandons à la rédactrice en chef de reprendre les mails comme convenus … il y a trois ans. » C’est compliqué, je n’ai pas de solution, j’essaye de respecter le planning mais pour moi l’essentiel c’est l’éditorial. Les mails ? Oui ils sont tombés en désuétude. Je dois boucler trop de choses, je manque de temps. »
Nous suggérons de faire alors appel aux secrétaires de la rédaction. « Pourquoi pas ? »
Nous soulignons aussi qu’il y a, peut-être, éventuellement, un problème d’organisation, voire de délégation au sein de l’encadrement. La rédactrice en chef ne peut tout faire c’est sûr. D’autant qu’elle ne devrait pas tout faire . « La façon dont je travaille ne vous regarde pas. » Sauf quand elle impacte nos conditions de travail, missions par excellence des RP.
Ha oui et aussi c’est drôle tout de même comme la direction joue avec les règles. A la lettre, ou plutôt au chiffre pour les frais de mission des CDD. Avec flou pour les RTTE où finalement l’exception fait la règle.
Mulhouse repetita
Là aussi on tourne en rond. Depuis deux ans, Mulhouse est, peu subtilement, vidé de sa chair. Un poste sur deux remplacé. Une assistante partie et non remplacée. Un journaliste qui travaille à mi-temps à Strasbourg. Un autre en congés paternité pendant neuf semaines. Un adjoint dédié au Haut-Rhin qui est à Mulhouse un jour sur deux en moyenne.
Les résultats sont là nous avons fait les comptes. Sur 15 semaines (hors vacances, hors covid) quasiment 25% de l’activité mulhousienne est assurée par des Strasbourgeois. En gros, il manque clairement une équipe.
La direction conteste nos chiffres. Nous les maintenons. Toujours est-il que certains strasbourgeois sont fatigués d’aller à Mulhouse pour pallier non pas les absences mais un manque systémique et chronique de poste.
» Ca crée des passerelles entre les équipes, ça crée du lien dans le collectif de travail. Et en période d’économies nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des CDD pour aller à Mulhouse alors que nous sommes à l’aise à Strasbourg. »
Les RP demandent que, désormais, un décompte des jours (à Mulhouse) soit effectué afin d’instaurer plus de transparence et une meilleure répartition de ces journées. Les RP demandent aussi que le congé paternité soit remplacé par un CDD sur toute la période, soit neuf semaines.
Pour le décompte, ce ne sera pas possible « trop compliqué et ce ne sera pas pertinent tant les situations de chacun sont différentes. » Pour le CDD c’est en cours.
Quant au réel problème de fond. Le manque chronique d’une équipe. Ben pas grand-chose. » La personne qui va le plus à Mulhouse y est allée 7 jours depuis le début de l’année. Soit une fois toutes les trois semaines. En moyenne, les Strasbourgeois y sont allés 2/3 jours depuis le début de l’année. Et si vraiment quelqu’un ne peut pas aller à Mulhouse, on peut s’arranger, on s’adapte, on rééquilibre les choses. »
A voir.
Didier Jodin ou le reportage qui fait tâche d’encre
Le mercredi 27 avril dernier, suite à la publication quelques jours plus tôt d’une enquête approfondie de Médiapart, s’interrogeant sur l’inspection inopinée de Didier Jodin, professeur de collège à Molsheim (67) à la demande (ou pas) de Mme Brigitte Macron, France 3 Alsace se saisit de l’affaire.
La première dame de France, ancienne enseignante, a-t-elle outrepassé ses droits ? Y a-t-il eu ingérence dans une région qu’elle connait d’ailleurs très bien pour y avoir exercé ? Tel est le sujet.
Tel aurait dû, en tous cas, être le sujet.
Car cela fait bien longtemps que, dans les antennes du réseau, il n’y a plus le temps de faire de l’enquête ni de la contre-enquête. Pas le temps d’éplucher la masse de documents et de témoignages qu’a consciencieusement rassemblés pendant des semaines la journaliste de Médiapart. Pas le temps de joindre un maximum de collègues de Didier Jodin accusé publiquement de « harcèlement » par une mère en colère. « L’équipe a essayé, personne n’a voulu répondre » précise la rédactrice en chef.
Un CDD est dépêché devant l’établissement. Off+ITW pour midi. Sujet pour le soir. Comme le salon de l’artisanat. Même tarif.
La suite était prévisible. Le sujet final, même si ce n’est certes pas intentionnel, sera selon nous et certains collègues de la rédaction, déséquilibré, assez confus, très peu étayé. Et par là-même critiquable.
D’abord, une mère accuse Didier Jodin de harcèlement envers sa fille, propos rapidement élargis à toute la classe. Un élève, anonyme et qui n’est plus dans sa classe depuis des mois, confirme. Enfin, au bout de 1’20, le professeur incriminé réagit à …. son inspection surprise.
Une construction du sujet étonnante qui, jamais, ne permet à ce dernier de se défendre. D’ailleurs était-ce bien là le sujet qui est titré « une inspection qui fait débat » ? Il passe malgré lui pour un être lunaire au pire désinvolte.
« La parole a été donnée à tout le monde. Le sujet était très équilibré, bien fait, je l’ai moi-même relu et je l’assume pleinement. Ce que je ne tolère pas c’est l’attitude des professeurs « précise la rédactrice en chef lors de l’instance. Soutenu par le directeur régional qui « l’a trouvé très bien » et par le service juridique qui, lui, ne le trouve pas « attaquable ».
Oui mais tout le monde ne pense pas de cette façon. Les profs en premier lieu. Suite à la diffusion du reportage la toile s’emballe. Didier Jodin et ses collègues montent au créneau, diffusent un communiqué demandant des excuses à France 3 Alsace ainsi que la publication de ce dernier. Pour eux, le sujet est clairement à charge. C’est ce qu’ils font savoir au médiateur de FTV.
Le CDD est nommément pris pour cible par de nombreux twittos. Le travail des journalistes du service public, tous mis dans le même sac, déboulonnés.
Un article d’arrêt sur images publié le 3 mai enfonce le clou, épingle le sujet mais aussi la gestion de la « crise ». A raison. Selon nous.
En Alsace, devant ce maelstrom de vives critiques, on garde le cap. Une lettre est envoyée aux professeurs. « Nos excuses si le sujet vous a choqué. » Pas plus. Pas même un sujet qui pourrait rééquilibrer un peu les choses. Le travail a été bien fait, pourquoi y revenir ? Proposition est faite tout de même de discuter avec les profs mécontents. Refusée par ces derniers échaudés.
Il ne s’agit pas ici de dire que Didier Jodin n’est ou n’est pas un enseignant maltraitant. Il ne s’agit pas non plus de dire qu’il faut absolument réagir à chaque tempête, corporatiste ou non, sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de réfléchir à nos méthodes, notre déontologie, nos relectures critiques, le traitement des sujets sensibles. De parler collégialement de notre travail et mieux d’en débattre. Oui pour cela il nous faut regarder les JT et faire preuve d’esprit critique. Oui pour cela il s’agit aussi de savoir reconnaître nos fautes ou du moins nos maladresses. Il en va de notre crédibilité et de la confiance qu’on nous porte encore. Un peu.
Point Emploi
- Un poste de scripte est encore vacant. Il a été publié pour la 5e fois le 1er avril dernier. Personne n’a même postulé. Ni CDD. Ni CDI. Une personne est donc en formation actuellement à Strasbourg. Une autre le sera cet été. Reste à savoir si elles voudront rester travailler avec nous.
- Les alternants. C’est pratique, ça coûte pas cher et oui il faut bien le dire c’est utile pour eux. Combo gagnant-gagnant s’il y a embauche par la suite. Nous avons trois alternants qui poursuivent en 2022-2023 : sur le web, au numérique et à la communication. Deux autres alternants s’arrêtent cet été : à la technique et au montage. Par ailleurs, l’antenne de Strasbourg va proposer trois offres supplémentaires : un alternant technicien vidéo, scripte et journaliste web.
Petite remarque au passage. Il est quand même assez paradoxal que FTV prenne des alternants spécialisés sur le web sans reconnaître pour autant aux contributeurs web titulaires une quelconque spécialisation ou compétence complémentaire.
Redevance audiovisuelle
Ce point n’a pas été traité en instance. Simplement évoqué. La direction régionale, comme nous, va subir une décision politique. Ceci dit, nous nous mobilisions contre cette décision inique qui va à l’encontre d’un audiovisuel public de qualité et indépendant. En intersyndicale. Tous ensemble le 28 juin.