Décembre 2021
Pour clore cette année 2021 en beauté rien de tel que de rester sur la même ligne de conduite, floue et serpentine. Le rapprochement avec France Bleu ? On ne sait pas. Les équipes strasbourgeoises de plus en plus sollicitées à Mulhouse ? C’est normal et puis ça resserre les liens. Le télétravail ? Ho la belle galère en perspective. Les monteurs planifiés en formation Mojo ? Ha non pardon c’est une erreur.
Vive 2022 ! Quoique. Elle commence si bien. La preuve ci-dessous.
RÉSEAU F3 : OMICRON : L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT !
En ce début d’année, la pandémie s’accélère, les contaminations au variant Omicron explosent, et pour tenter de limiter l’absentéisme des salariés, le gouvernement impose de nouveau le télétravail – un minimum de 3 jours par semaine – pour les ceux dont l’activité le permet.
La prudence est de mise, et cela, la Cfdt le comprend.
Mais nous nous opposons formellement et fermement à la mise en commun des journaux télévisés des antennes de France 3, JT qui prennent la forme d’éditions « grande région » et à la suppression de la fabrication des émissions de programme par les équipes en région.
Notre mission, informer les téléspectateurs et leur offrir des émissions de proximité, est essentielle au moment où ils ont besoin de savoir ce qui se passe au plus près d’eux.
Ne pas abandonner nos téléspectateurs, mais au contraire, être encore plus présent. Ne pas abandonner nos missions alors que les médias locaux privés occupent le terrain et alors qu’en ce début de campagne électorale, des voix s’élèvent pour prédire le démantèlement du service public de télévisions qui « ne sert à rien ».
Mettre les salariés à l’abri… Ou faire des économies ? Les JT communs et l’arrêt des programmes régionaux, c’est aussi un recours a minima aux CDDU et intermittents, donc des économies. C’est moins de frais de mission, encore des économies.
Et puis, c’est aussi une fois de plus une alerte et un message pour les personnels du réseau régional : le JT mutualisé entre plusieurs antennes, diffusé en période de pic pandémique, mais aussi l’été, pendant les vacances scolaires ou les WE, s’installe. Les personnels sont en « disponibilité ». Chez eux, à attendre qu’on ait besoin d’eux. Les CDD et intermittents sont sans travail, sans information sur le paiement – ou pas – des contrats signés ou oraux conclus avec France 3.
Et en termes de contenus, pour les téléspectateurs, c’est le grand écart. Ils sont sommés de s’intéresser à des reportages en décalage avec leur quotidien, tournés à l’autre bout de « leur » grande région.
Pendant que leurs enfants reprennent le chemin de l’école, que des millions de travailleurs retournent à leurs ateliers et commerces, que les parcs d’attraction restent ouverts et que les périodes de quarantaine des contaminés au COVID ou des cas contacts sont réduites, France 3 met en disponibilité, dans toutes les antennes du réseau, des salariés. Quelle que soit la situation dans telle ou telle antenne.
On annule tout partout, on mutualise, au lieu de faire preuve de cette flexibilité, de cette agilité qu’on nous vante pourtant depuis des années !
Cessez de mettre en avant la protection des salariés pour cacher les vraies raisons de cette stratégie mortifère, à savoir, faire des économies et imposer dans les esprits de tous le JT mutualisé comme futur modèle du JT régional.
Laissez-nous fabriquer et diffuser des JT et des programmes dans nos antennes !
Développement de l’offre régionale
Comme chaque mois, la direction est tenue d’informer les RP des avancées du projet de régionalisation et plus précisément des conclusions de la CASAR. Nous en avons déjà parlé ici (V. Yééé les RP d’octobre).
Cette fois-ci, changement de taille, le seul en fait, c’est Xavier Riboulet qui est notre invité. Exit Germain Dagognet, c’est le nouveau directeur « de proximité » qui se collera désormais à nos rendez-vous obligatoires. Changement de style : fini l’enthousiasme débordant, Xavier Riboulet si on comprend tout de même mieux ce qu’il nous raconte, maîtrise aussi mieux la langue de bois .
Ce que l’on retiendra de cette intervention : finalement pas grand chose. La nouvelle régie pilote installée dans nos locaux devraient être opérationnelle fin février. Avec toutes les précautions que cela suppose » Je rappelle que cet outil n’est pas fait pour faire des économies de personnel. Il doit nous aider à faire passer sur autre chose, autrement, dans le respect des métiers et des personnes.” Il faut dire que l’expérimentation à Rouen a été un horrible fiasco.
A Strasbourg, donc, ô grand dieu, les choses seront faites correctement dans le respect des métiers. “Le changement ça fait peur. C’est normal et pourtant il le faut, il faut évoluer. Avec vous et pas contre vous. On cherche à mettre en place des fonctionnements pour produire plus et autrement.” Pour produire quoi ? On ne sait même pas.
Ce qu’on ignore aussi c’est la tronche du futur Groupement d’Intérêt Economique (GEI) France Bleu / France 3 qui devrait voir le jour dès mars prochain. Nous apprenons simplement que c’est Philippe Martinetti, directeur du réseau France 3, qui sera coadministrateur du machin.
Pour le reste « rien n’a avancé ». Les contenus ? « On continue à travailler sur la ligne numérique. En mars, nous aurons bien un site commun mais en chantier. En 4 mois c’est impossible de faire plus. Des arbitrages éditoriaux sont en cours, la nouvelle organisation est en cours. » Cela fait plus de dix ans que France Télévision doit prendre le virage numérique. L’inertie est telle, voire le rétropédalage dans certains cas, que nous nous retrouvons désormais au pied du mur, forcés de proposer une plateforme en chantier. Plateforme qui ne devrait-être en tout état de cause dans un premier temps qu’une compilation pêlemêle des articles de France Bleu et France 3. Ca va être beau tiens.
La ligne éditoriale ? Inconnue. La répartition du travail ? Inconnue. Des ateliers seront organisés l’année prochaine pour réfléchir sur les nouvelles orientations. Nous sommes sauvés.
Les jours fériés ne le sont pas pour tout le monde
Cette année, le 26 décembre tombe sur le dimanche. A ce titre, un jour flottant est-il généré par les PTA ? Non.
L’accord collectif est clair. Les deux jours fériés “alsaciens” ne sont pas considérés comme des jours fériés. Ils ne donnent pas droit à des jours flottants. Soit.
Par contre, les journalistes au forfait jour eux ont bien droit à 13 jours fériés, à leur main dès le 1er janvier. Un sacré problème d’équité. “Les accords sont signés comme ça, ils sont signés comme ça. Il faudrait se rapprocher des instances parisiennes. Ça peut passer » explique Jean-Marc Dubois.
Télétravail, la pétaudière ambulante
Dans la dernière communication présidentielle, les choses sont claires : le télétravail est la règle. Crise sanitaire oblige. Là au moins pas de chichi.
Pour le reste, les règles sont fantaisistes. A la rédaction surtout. Sur la dizaine de journalistes ayant signé leur avenant télétravail, quatre n’ont toujours pas de portable. L’avenant est pourtant clair : pas de matériel, pas de télétravail. En outre, il semble incroyable que depuis deux ans que dure la pandémie, l’antenne d’Alsace n’ait toujours pas commandé et distribué intelligemment ces fameux portables.
Autre bizarrerie. Alors que l’accord télétravail prévoit la planification en amont des journées télétravaillées, chez nous, le journaliste se planifie lui-même le vendredi pour la semaine suivante. « C’est une adaptation » nous dit-on.
Voilà le modus operandi complexus. Vendredi si vous le pouvez (sinon tant pis pour vous) vous regardez le planning Excel de la semaine suivante. Ho vous êtes de web ou de desk le jeudi. Vous appelez la rédactrice en chef pour lui signaler que vous souhaitez télétravailler ce jour-là. Cette dernière appelle alors l’organisateur qui le rentrera dans MK. Toute une organisation qui soulève bien des questions.
- Où est l’esprit de l’accord télétravail qui invite les managers à « repenser » les plannings et les façons de travailler ? Là rien n’est planifié, rien n’est anticipé.
- Que se passe-t-il si on oublie ou que simplement on n’a pas accès à Excel ? « Je ne me fais pas du tout de souci pour cela, le planning est le document le plus lu de toute la rédaction » explique la rédactrice en chef.
- En termes d’organisation tout cela s’annonce très compliqué pour cette dernière qui a déjà beaucoup de choses à gérer sans, en plus, recevoir dix coups de fils le vendredi soir. Et quand elle ne sera pas là ? » Ne vous inquiétez pas pour moi, c’est faisable. »
Là où les choses deviennent comiques c’est que ceux qui n’ont pas signé d’avenant eux rentrent directement leurs jours de télétravail dans MK. Avec l’accord du manager. 40 jours par an maximum nous répète la direction. Ce à quoi nous rétorquons que Xavier Froissard, directeur de la santé et de la qualité de vie au travail, a revu sa copie. Le télétravail occasionnel ce n’est « pas plus de dix jours par an ». Qui du delta de trente jours ? « Trente jours ? » La DRH ne comprend pas. « Oui 40-10 : si on télétravaille disons 25 ou 30 jours par an ? « Elle se renseigne. Encore et encore.
On y croit. Après tout décembre est le mois des illuminations.
Bureaux des adjoints, ça déménage
Après des échanges de places et de plantes vertes, le bureau des adjoints passe à la vitesse supérieure. Des travaux auront lieu de janvier en mars prochain pour repenser cet espace. La pièce du fond sera réaménagée et restreinte pour accueillir le bureau de la rédactrice en chef. Son bureau actuel, sera lui agrandi pour les adjoints. Et la pièce actuelle des adjointes sera elle occupée par le chef d’édition, les contributeurs web et cinq journalistes.
Ceci dans le but de créer « un espace au calme pour les adjoints » et de créer de nouveaux bureaux pour les journalistes qui jonglent pour l’heure avec des postes nomades.
Le rédactrice en chef précise que ces aménagements ont été conçus, cette fois, en concertation avec les salariés. L’histoire ne nous dit par contre pas comment seront attribués les deux bureaux d’adjoints (sur 5) qui bénéficieront de la lumière naturelle de la fenêtre puisque rappelez-vous c’était un point (photo)sensible il y a trois semaines.
Tout ça pour ça.
Ca c’est le Mojo
Point formation lors de cette instance. Un budget en légère hausse pour le plan formation 2022 où visiblement l’accent est mis sur les journalistes (avec 64% du budget qui leur est consacré.)
La seule chose remarquable c’est cette ligne : Initiation Mojo Pro pour le personnel technique : 13 monteurs.
Devant notre étonnement, des monteurs formés au Mojo vraiment et pour quoi faire ? Eric Engelvin s’enlise passablement. « Amin Ahmed est là sur place et la demande des monteurs est forte de voir comment ça marche. On s’est dit oui tiens pourquoi pas ? »
Sauf que dans Mojo, il y a le mot Journalism (Mobile Journalism) et que ben nous ça nous questionne un peu beaucoup quand même. « Non non, on l’a mis sur le plan de formation pour voir si c’était faisable ou pas. On souhaite donner aux monteurs de nouvelles perspectives. » Ha oui et lesquelles alors ? Sophie Bauer arrive à la rescousse. “C’est une volonté de l’entreprise d’élargir les compétences sur le numérique. Il faut que tous les salariés soient sensibilisés au numérique. Quand ils montent des modules pour le web dans le cadre de l’UCC multimédia comme ça ils savent comment ça marche.” Rien compris. Les modules postés sur les réseaux sociaux sont issus des images de reportage télé, tournés avec une caméra. Donc là non, ça ne tient pas. Toujours pas.
Catherine Patout à son tour tente une explication : » C’est une simple sensibilisation à l’univers numérique comme le passeport numérique.” Bon. Et pout finir le directeur régional intervient. « L’intitulé n’est pas bon. Dans Mojo il y a journalisme, les monteurs ne feront pas du journalisme, c’est UTS. »
Quelques jours plus tard, un correctif du plan formation tombe dans les boîtes mail. La formation Mojo d’une journée pour 13 monteurs se transforme en formation UTS de 3 jours pour deux monteurs. Magie, magie. Et finalement ce n’est plus très rassurant pour nos métiers. « Exercices de tournages vidéo, assemblage des images et des sons, savoir préparer et angler son interview, Construire une narration avec un smartphone et faire une captation en direct : live ou duplex »
La sensibilisation est poussée, pour ne pas dire osée.
L’informatique c’est fantastique
Certains s’en sont rendu compte, la magie Monkiosque à encore frappé à l’approche de Noel. Apparition tardive (mais réglementaire) du dernier jour flottant pour les PTA (celui du 25 décembre) en début de mois et l’incrémentation des RTT au petit bonheur la chance, en début de chaque semaine.
Pour les personnels à qui on a demandé de gérer leurs congés et pour les planificateurs c’est un cadeaux qui pique. Mais comment va-t-on écluser ces congés solubles dans la fin d’année civile ? Alors on bricole et on s’arrange.
« Il n’y aura aucun report de congés » insiste la direction. Sophie Bauer assure que le petit lutin Eric Engelvin « refait tous les calculs à la main pour vérifier le compteur de chacun ». A priori pas de perte mais des tricotages et détricotages de plannings en veux tu en voilà.
De quoi mettre un peu d’électricité dans l’air et ajouter des tâches idiotes à des personnels qui ont certainement mieux a faire que de corriger les erreurs de paramétrage de cet outil révolutionnaire.
Depuis le nombre d’années où ce système est en place, on aurait pu souhaiter (rêver) que la plateforme informatique centrale ait enfin anticipé ce problème récurent. Pour les miracles de Noel, on repassera.
Réunion de service, y a pas foule
Passage obligé mais inégalement utilisée, la réunion de service est un excellent outil de management. Au-delà d’informer les salariés de telle ou telle évolution de matériel ou de pratique, elle doit permettre de faire circuler la parole et de déceler ainsi des difficultés, des inconforts avant que ne surviennent des problèmes.
Du coté de la technique, il y en avait encore peu il y a quelques années. Avec la pandémie et un petit rappel des règles, elles se sont accrues. Pourtant, tous les services ne sont pas logés à la même enseigne.
Eric Michel nous parle de « difficulté à réunir les gens en fonction des plannings » et « le peu de marge de manœuvre dont il dispose à titre personnel. »
En 2021 il y a eu :
5 réunions de cadres, 4 réunions de monteurs, 2 de vidéos, 3 de scriptes, 3 de sondiers, 1 des salariés de plateau (OPV/électro/machino/maquilleuse).
Moins bien que l’année dernière.
Devant ce constat, Eric Michel nous dit qu’en 2022 tout ira mieux: « j’ai demandé à Olivier Robert d’établir un calendrier sur l’année afin d’être plus régulier et de pouvoir réunir plus de monde. Nous nous partagerons ces réunions lui et moi ».
Capteur CO2
C’est à la mode depuis la pandémie. Il faut installer des capteurs de CO2 pour comprendre comment l’air se renouvelle (ou pas) dans un espace clos, afin d’intervenir (si besoin) sur les pratiques en cours pour les faire évoluer.
Un capteur a donc été mis en place en salle verte pendant 15 jours. (Il est en ce moment en Régie). Pour la salle verte 800 ppm est le seuil définit comme étant le seuil à ne pas dépasser. Nous observons un graphique sur lequel le taux de CO2 est reporté ainsi que les jours et les heures.
Logiquement, il y a plus de CO2 pendant l’occupation de la pièce qu’à 3h du matin. On note ça et là des dépassements du fameux seuil….. il aurait fallut aérer. Ok.
Et donc ? Que doit-on faire ? Doit-on communiquer ? Nous n’en saurons pas davantage.
« Nous faisons juste des tests » nous dit-on. « Nous testerons également la news room et le bureau des adjoints » Il y a fort à parier que là non plus aucun pic ne sera décelé à 3h du matin.
Mulhouse for ever
Mieux dotée qu’un Bex mais moins qu’une locale, le bureau de Mulhouse. Une configuration unique en son genre.
Pour rappel : 2 monteurs, un rédacteur en chef adjoint, 3 jri et 5 rédacteurs . Même si certain sont bi-qualifiés, l’équilibre peut surprendre, « mais sur un équilibre régional il s’entend. Nous avons plus de besoin de Jri » nous dit la direction.
Une rumeur a couru il y a quelques mois selon laquelle un équipement de tournage devait être rapatrié sur Strasbourg. Evidemment ça n’a pas plu aux équipes…mais qu’elles se rassurent, lors dune visite de notre chef de centre, le malentendu est dissipé.
« Il n’en a jamais été question » Dont acte . Les semaines passent et une nouvelle annonce est faite : une voiture va être rapatriée. « Mais pourquoi ? » « Il y en a trop ici et Eric Michel à besoin d’une voiture de plus a Strasbourg » nous dit sobrement le nouveau rédacteur en chef adjoint de la locale.
Finalement, il semblerait que là aussi il s’agisse d’un « malentendu ». La voiture n’est finalement pas nécessaire à Strasbourg. Décidément à Mulhouse on s’affole vraiment pour un rien. A moins que la direction ne change son fusil d’épaule à chaque fois que les mulhousiens et les RP réagissent ?
Malentendu aussi les postes vacants jamais pourvus ? Malentendu les salariés affectés à Mulhouse qui sont planifiés très régulièrement à Strasbourg et qui plombe de facto le « potentiel » haut-rhinois ?
Résultat : ce sont les journalistes strasbourgeois qui assurent des directs le soir à Mulhouse pour le marché de Noël ou vont tout simplement « boucher » les trous chaque semaine. Bonjour le bilan carbone, la fatigue et la logique de ce jeu de passe-passe !
Une situation qui commence sérieusement à en agacer plus d’un. Mais là encore, c’est que nous voyons les choses du mauvais côté. Parce que figurez-vous : « C ’est bien que les Strasbourgeois aillent à Mulhouse, ça renforce les liens, c’est bien » nous dit la rédactrice en chef.
Ce qui serait encore mieux c’est de donner à Mulhouse des moyens, humains (et pourquoi pas tiens un journaliste qui parle allemand ) et matériels plutôt que de vouloir rogner par tous les bouts et sous cape une ex-locale déjà exsangue.