SALADE RUSSE
Les ingrédients ne manquent pas pour ce liminaire de fin d’année. Et comme ils sont tous réunis, le mélange est détonant. Indigeste. Il rend malade aussi. Tous les salariés du réseau, tous les sites, tous les métiers, souffrent d’un seul et même mal : le manque de moyens.
Vous êtes gestionnaire paye ? Jamais remplacé, malade, ou en congés. Vos collègues qui quittent l’entreprise ne le sont pas non plus. Vous gérez la paye de plus en plus de salariés, vous assumez une responsabilité énorme dans une grande solitude, votre hiérarchie est à Paris, vos collègues sont loin, éparpillés dans les sites du réseau… Les salariés que vous gérez, vous ne les connaissez plus, ils ne savent pas qui vous êtes, et trop souvent ils vous rendent responsables des problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Vous croulez sous le travail, vous craquez mais les arbitrages budgétaires sont ainsi faits : débrouillez-vous !
Les fonctions « support », c’est à dire les femmes et les hommes qui font tourner l’arrière-boutique, la logistique qui permet à tous de travailler, sont depuis des années sacrifiés, remplacés par des applications ; ou pas remplacés du tout. Comme si de rien était.
La Cfdt demande que la charge de travail de ces salariés soit évaluée et ajustée, que les effectifs des fonctions support soit enfin dimensionnés de façon à ce que cette charge de travail ne devienne pas pathogène.
Vous êtes gestionnaire d’antenne ? Vous aussi, vous croulez sous le travail. Pas assez nombreux, dans un contexte d’augmentation des créneaux régionaux. Vous prenez en charge, parfois, plusieurs antennes… Et quand vous n’êtes pas là, pas de prise d’antenne. Ainsi, en Centre Val de Loire fin novembre : une captation réalisée par F3 Occitanie d’un match de basket devait être diffusé en Centre Val de Loire… pas de gestionnaire d’antenne à Orléans ce dimanche-là, pas de diffusion. Est-ce que c’est grave ? Oui ! D’autant qu’on voit mal comment remplir l’objectif de régionalisation, qui repose aussi sur la diffusion d’événements en région – le sport par exemple – si les moyens et l’organisation ne suivent pas.
Vous êtes documentaliste ? Alors régulièrement, vous renvoyez les journalistes de votre antenne vers vos collègues docs d’autres antennes, parce que vous êtes absents… Pas remplacés. « On cherche, on ne trouve pas de docs », nous dit-on. Pourtant nous ne manquons pas d’IUT, bac +2 bac +3 et même de master 1 et 2. Des diplômés de partout en France comme à Nancy, Tours Toulouse, Saint-Cloud et bien d’autres villes ! Alors, qu’est-ce qu’on attend pour recruter, pour assurer la relève ?
Scriptes, éditeurs web, électro, journalistes, et tous les autres !… Tous, nous sommes confrontés à cette injonction contradictoire : faire son travail, bien le faire, remplir nos missions… Avec toujours moins de moyens !
Dans un contexte, de surcroit, compliqué. Le télétravail est souhaité, de nouveau. Et toujours pas de smartphone pour tous, le déploiement de ce téléphone professionnel prendra quelques mois en attendant, on se débrouille. Le télétravail, c’est aussi à géométrie variable. Ici, telle activité y est éligible, là-bas, c’est non. Sans que l’on sache pourquoi. Un télétravail hors avenant souvent, et certaines directions régionales inventent le télétravail occasionnel à moins de 40 jours par an pour ne pas signer d’avenants, pour ne pas encadrer ce télétravail.
Le réseau régional en cette fin d’année 2021, c’est tout cela : un gloubigoulga de problèmes tous liés entre eux par le manque de moyens.
Une salade mal assaisonnée, qui ne passe pas !