A quand une régionalisation heureuse ?
La direction de France 3 compte sur la force de son réseau, son maillage territorial, pour réussir le projet de régionalisation.
Le maillage territorial de France 3, ce sont les salariés des antennes, journalistes et PTA, et les salariés de la Fabrique.
Nous l’affirmons, la régionalisation ne peut être réussie que si toutes ces personnes sont impliquées.
Il faut également un projet qui ait du sens, avec une vraie proximité, avec le développement des productions régionales, des magazines, des documentaires et des fictions, fabriqués en région. Et puis, une information régionale à la hauteur.
Actuellement, nous sommes loin du compte !
Le maillage territorial, vu par la direction, c’est par exemple, un projet de rattachement des équipes de fiction -toutes les équipes, mêmes celles de Lille!- au Pôle Sud de la Fabrique. Il est où le maillage territorial ?
La régionalisation, aujourd’hui, c’est aussi un manque cruel de moyens.
Parlons de la pauvreté des moyens techniques en région, d’abord !
Le peu dont on dispose, les CCR, les VPTL, les CAR de la Fabrique, est sous -exploité. A la place, on a des concepts qui divisent les salariés, des smartphones, des équipes réduites et des duplex Skype.
Parlons aussi des moyens humains.
La réduction de 15% des ETP en 10 ans pèse sur les salariés de France 3 en région, qui doivent développer et l’antenne et le numérique, en même temps tout en étant moins nombreux !
Journalistes, PTA, fonctions support, encadrants, organisations d’activité, tout le monde est usé !
Les signaux sont bien présents Monsieur le Président :
On déplore ici des larmes, versées sur un bureau : celles de journalistes aguerris à qui l’on demande toujours plus ; celles de CDD qui ne pourront plus travailler dans le réseau : ils ont atteint leur plafond fatidique, celles de techniciens expérimentés et agiles qui ont peur d’échouer face à des exigences insolites, celles d’éditeurs web épuisés qui ne savent même plus quel est leur métier tant la tâche est lourde et diverse.
On déplore là, de voir chaque temps « libre » traqué et remplacé par des tâches jugées plus productives, un desk, une chronique.
Ce temps, il avait une fonction. Réfléchir.
Eviter les fake news, vérifier une information, préparer une interview. C’est ça être vraiment productif au service de nos publics.
On voit des cadres de proximité mettant en œuvre une surenchère d’injonctions tous azimuts -gérer le JT, le 18h30, les éditions communes, le numérique, etc.., etc…- avec plus ou moins de zèle et en comprenant plus ou moins ce qu’ils font.
Doivent-ils également payer de leur santé ces manœuvres incessantes, réalisées avec des plannings faméliques?
On déplore enfin, que le reportage n’ait plus la cote à France 3 en région !
Les journaux télévisés se remplissent de chroniques, d’invités et de duplex.
Ces formes d’expression journalistique, qui peuvent avoir du sens, gagnent du terrain outrageusement.
Personne n’est dupe ! Ce sont des restrictions budgétaires déguisées en choix éditoriaux !
Tout cela peut prendre fin et cela dépend de vous, Monsieur le Président.
Il faut :
- recentrer nos énergies sur nos missions,
- permettre aux salariés d’avoir la fierté du travail bien fait
- repenser la hiérarchie dans l’entreprise en valorisant l’opérationnel
- monter des projets dignes du service public dans tous les domaines et sur tout le territoire
Il faut se donner les moyens et donner du sens à ce que l’on fait.