Il y a un an, on se disait : « après la crise sanitaire, on ne pourra plus reprendre les choses comme avant ». Y croyait-on, vraiment ?
Un an après, nous constatons qu’en réalité, rien n’a changé. Malgré les « portez-vous bien » ou les « restez prudents » pleins de sollicitude.
A France Télévisions, toujours la même rengaine. Il faut moderniser, restructurer, réorganiser, transformer, numériser. Le « comment fait-on » est toujours plus important que le « pourquoi fait-on ». Les transformations sont présentées comme étant inéluctables, le numérique comme seul objectif.
Partout. Outils de fabrication audiovisuelle, logiciels administratifs, plateformes de contenus. Les problèmes, les bugs, les questionnements déontologiques, on s’en occupera plus tard. En attendant, mise en œuvre à marche forcée, les salariés servent de cobaye – Hcorpo pour la réservation hôtelière, par exemple.
Et les problèmes du quotidien ?
Les salariés de Vendargues, dont les activités demandent une vraie expertise, attendent depuis trois ans maintenant la reconnaissance de leur travail.
A la ChaineInfo, une saisine portant sur les conditions de travail notamment des chargés d’édition, n’a toujours pas trouvé de conclusion satisfaisante, après deux ans de discussions.
Dans le réseau France 3, les alertes santé se multiplient, les enquêtes et audits aussi. Les sanctions disciplinaires, les licenciements suscitent l’inquiétude. Mais toujours pas de restitution complète des rapports d’enquête aux salariés ou à leurs élus : c’est la direction qui, souveraine et seul maitre à bord, sépare le bon grain de l’ivraie.
A Malakoff, tout doit être fait pour enfin faire décoller le portail, des changements sont annoncés, mais la direction ne veut surtout pas parler de réorganisation
Dans les stations des outre-mer, c’est polyvalences à gogo, des situations que l’on découvre lors d’espaces métiers ou de négociations nationales ; les organisations syndicales sont mises devant le fait accompli, et invitées à entériner ces « innovations » pour ne pas contrarier des « souhaits d’évolution et d’épanouissement de salariés » – souhaits imposés en réalité par le manque de moyens sur place.
Le monde d’après, c’est aussi celui qui naitra quand ces problèmes du quotidien seront réglés. Il n’est possible que s’il repose sur des bases saines. Quand la direction arrêtera de nous imposer ses visions de l’avenir. Quand elle arrêtera de nous vendre la polyvalence comme une réponse aux aspirations des salariés, quand la prestation et la sous-traitance d’activités cœur de métier, le maquillage par exemple, ne seront plus considérées comme un moyen de contourner les règles établies ou le recours à l’intermittence. Quand elle cessera d’individualiser les relations au détriment de l’intérêt collectif, quand la qualité ne sera plus considérée comme une variable d’ajustement (…).
Pour construire le monde d’après, il faut des moyens. Et repenser aussi la répartition de ces moyens. Accepter de valoriser plus les « petites mains » de l’audiovisuel plutôt que de confier des millions d’euros à des producteurs extérieurs. Accepter de considérer que les résultats de l’entreprise sont le fruit du travail de tous plutôt que de sacraliser la part variable, qui ne récompense que la hiérarchie.
Et pour construire le monde d’après, il faut des projets, pensés et menés avec les salariés, qui mettent leurs compétences au service de l’entreprise. Aujourd’hui, les projets de FTV sont les vôtres, ceux de la direction. La régionalisation du réseau F3, la plateforme des Outre-Mer, le transfert d’émissions à FTV Studio, les déménagements de sites… autant de projets pensés dans un entre soi excluant les salariés concernés.
Décidemment, le monde d’avant est toujours là. Bien là.