La CFDT France Télévisions a perdu un camarade, un ami, Didier Graftieaux.
Didier, connu au siège où il travaillait jusqu’à son départ à la retraite fin 2019 comme OPS. CONNU AUSSI pour sa gentillesse, sa courtoisie, sa fidélité, son amour pour France Télévisions, qui était devenu sa deuxième maison, après la SFP, une grande entreprise de service public dont il a vécu le démantèlement.
Et le démantèlement, c’est aussi ce qu’il craignait pour France Télévisions.
Alors, y sommes-nous ?
Tout porte à le croire… La direction veut transférer à une filiale, FTV Studio, les équipes des émissions Thalassa, Faut pas rêver, Télé-Matin, des chiffres et des lettres, des Racines et des Ailes, Passage des Arts…
Est-ce le début de la filialisation de nos activités ? Qui, demain, sera transféré avec son activité dans une filiale, existante, ou à créer ? L’université, dans une entité commune avec l’INA et Radio France ? Le réseau France 3 ? Les services supports ? La rédaction de Malakoff et IV3 dans l’agence de presse de FTV Studio ? Allez-vous, madame Ernotte, réaliser ce que prévoyait la Loi sur l’Audiovisuel, voire aller au-delà des espérances d’Emmanuel Macron ?
Allez-vous, comme le fabricant automobile Renault, externaliser en filialisant des activités et les emplois qui y sont liés, pour diminuer les ETP de France Télévisions, tout en obligeant les salariés concernés à changer d’employeur, dans des conditions socialement moins favorables que les nôtres ?
Un projet parmi d’autres, qui suscite le rejet des salariés.
Et ce qui est inquiétant, c’est que même les projets auxquels nous devrions pouvoir adhérer, parce que porteurs d’avenir, inquiètent et sont rejetés.
Le portail des Outre-mer, créé pour suppléer la disparition de France Ô ne remplace toujours pas le vide abyssal laissé par la disparition de la chaine des ultramarins. Loin de là. Le portail peine à trouver son public. Son responsable quitte même le navire quelques mois à peine après sa création. Est-ce un aveu d’échec ? Comment voulez-vous que nous, salariés, soyons confiants et impliqués sur des projets désertés par ceux qui doivent les mener ?
La régionalisation dans le réseau régional : un transfert de créneaux du national, sans moyens supplémentaires ; une économie supportée par les salariés du réseau, dont la charge de travail va augmenter, les conditions de travail seront alourdies… Oui on connait votre vision des choses, « tout le monde fait tout, et peu importe la qualité du produit, tout est diffusable». Non Madame, le service public ne doit pas être « la honte de la République ». La qualité est et doit rester notre marque de fabrique.
Les salariés du réseau vous ont fait connaitre leur défiance, il y a quelques semaines, par leurs élus, et par leur action en participant aux différents préavis de grève pour protester contre la mise en œuvre du 18H30. Les avez-vous au moins entendus, compris ? Quels moyens comptez-vous donner aux Régions appelées à devenir des chaines autonomes ?
Avoir des projets, cela ne suffit pas. Encore faut-il qu’ils fassent sens, qu’ils soient portés avec conviction, qu’ils soient accompagnés de moyens pour les réaliser dans de bonnes conditions.
Nous voulons bien être « agiles », « apprendre en faisant ». Mais nous ne partirons pas la fleur au fusil pour laisser derrière nous, à la fin de l’histoire, un champ de ruines. Parce que c’est ce qui risque de se produire : une modernisation – destruction, aux frais des salariés de France Télévisions.