Déclaration liminaire CSEC 10 décembre 2020 : On est mal, patronne on est mal !

On est mal, parce qu’on ne comprend plus qui fait quoi et pourquoi à France Télévisions.

On est mal parce qu’on navigue :

  • de réorganisation à restructuration,
  • de fermeture de chaine à suppression d’émissions,
  • de nominations de dirigeants, à réduction des ETP consacrés à la fabrication audiovisuelle.

Alors oui, on est mal !

On est mal, parce que, donc, on va supprimer des émissions, du divertissement mais aussi un magazine d’information. Et on l’apprend par la presse…!! Et on lit que, pour ce qui est du magazine info, on va en fabriquer un autre, en mieux, différent.

Dont acte.

  • mais avec qui ?
  • avec quelle ligne éditoriale ?
  • dans quel créneau de la grille ?

Les émissions de divertissement qui sont supprimées : qu’est ce qui va les remplacer ?

L’argent qu’on ne dépensera plus en les achetant à l’extérieur sera-t-il réinvesti en interne :

  • par exemple, dans le réseau régional dont les créneaux de diffusion sont élargis sans que les moyens ne soient adaptés à la nouvelle offre ?
  • ou sera-t-il… économisé ?

On est mal, parce que la brutalité et le flou dans la gestion des ressources humaines viennent déstabiliser les salariés déjà inquiets pour leur avenir :

  • A Lille, le chef info web est licencié sur la base d’un dossier qui ne tient pas la route, top secret en plus puisque, malgré un droit d’alerte CSE, les élus de l’instance n’ont pas communication de l’enquête sur le service web de Lille.
    • A Malakoff, une présentatrice dont la compétence est reconnue par tous est débarquée du jour au lendemain, sur un caprice du directeur de l’info. Pas d’explications, rien.
    • Au siège, les 5 illustrateurs sonores CDD sont remerciés par visioconférence, après des années de collaboration.
    • Les plans de développement des compétences sont hors sol, puisque les projets à moyen terme des antennes et des stations, du siège et de Malakoff, ne sont pas dévoilés.
  • Les salariés sont simplement formés…

On est mal, aussi parce qu’à force de manier des concepts, on perd de vue la réalité de terrain.

Le pacte de diversité, chouette idée, mais on fait comment ? Jamais il ne remplacera une chaine comme France Ô !

Les Outre-Mer mettront du temps, beaucoup de temps, pour trouver leur place et leur public sur France 3, qui ne sait déjà pas faire de la place aux Régions métropolitaines…

L’info sourire, le journalisme de solutions, la couleur « info » : mais de quoi parle-t-on ???

Des concepts que personne ne comprend, une « novlangue » qui permet surtout de tourner des sujets gentillets, des « petites choses sympa », sans questionnement, sans angle d’ailleurs, si possible avec une UTS et un journaliste seul… Et de faire des économies !

Le « reach », donc le fait de toucher le plus grand nombre de personnes possible, un autre concept qui nous fait du mal…

Sur le web, Echo Box, un algorithme, nous impose des sujets et des articles qui font fuir les internautes en recherche de proximité.

Le clic est roi, peu importe le contenu, et info et communication sont allègrement mélangés et se fondent sur une page Facebook ou un site web.

On est mal, parce qu’on ne sait plus si les projets annoncés sont du domaine de l’innovation et de l’ambition, ou simplement de celui de l’économie et du remplissage.

On est mal, car on est au milieu du gué, et nous que n’avons toujours pas commencé à échanger sur le « grand projet » de gestion prévisionnelle des emplois et des parcours professionnels qui devrait accompagner les évolutions.

A trop attendre, nous perdrons la possibilité d’utiliser le budget de formation dédié à la transformation de l’entreprise.

On est mal, car voyez-vous, faire bouger les directeurs de certaines régions du réseau F3 à un mois du lancement du grand projet d’avenir pour le réseau, « la régionalisation », ça sème le doute…

  • la régionalisation est-elle vraiment un projet phare, innovant, pour le réseau ?
  • S’agit-il simplement de remplir des cases en cachant la misère en moyens mis en œuvre ?

Et cela, alors que Jean-Pierre Pernaut va lancer sa plateforme web des régions, que Public Sénat signe des partenariats avec les TV locales, que BFM se déploie en région…

On est mal, parce que les salariés ne jouent plus. Ils ne veulent plus subir les décisions qui viennent d’en haut, qu’elles soient éditoriales, qu’elles portent sur des choix de matériels, les organisations du travail ou l’aménagement des bureaux en open space.On est mal, et donc vous l’êtes aussi, patronne : parce que pour réussir votre deuxième mandature à la tête de France Télévisions, il va falloir travailler avec les salariés de l’entreprise et donner du sens aux projets que vous portez.


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