Nous sommes à Lyon, ça tombe bien, on y fête ces jours-ci les 20 ans de la Locale. Une Locale qui a survécu à un projet de suppression, parce que les salariés et les organisations syndicales se sont battues pour elle, et elles ont eu raison : la Locale de Lyon, on est bien contents de l’avoir, quand on voit qu’ici, depuis le 3 septembre, la « grande chaine TV d’info locale BFM Lyon Métropole », arrose 2 millions d’habitants de Lyon et des communes limitrophes. Une chaine qui se vend sous le label de « 1ère chaine d’info en continu de la région lyonnaise » : grands événements d’actu locale, météo, circulation, sports, culture et loisirs…
Mais tout cela, c’est à nous de le traiter. C’est à nous, TV régionale de service public historique, d’être présents sur le territoire, sur tous les sujets, et quand c’est nécessaire. L’arrivée aujourd’hui à Lyon, demain à Strasbourg, Marseille, Toulouse ou Lille de BFM TV « chaine locale », nous interpelle – à l’heure où nous, nous affichons des ambitions paradoxales, faire plus avec moins, au risque de faire moins bien.
Les salariés du réseau régional le savent : nous ne sommes plus seuls, depuis quelques années, et nos concurrents ont les dents longues, ne suivent pas toujours les mêmes règles que nous, n’ont pas forcément les mêmes exigences de qualité.
Alors, comment faire ? Et bien surtout, ne pas suivre le mouvement.
Ne pas produire de l’info rapide et jetable, ne pas délaisser les dossiers de fond et les magazines ou les programmes qui demandent du temps. Ne pas renoncer à quadriller le territoire, ne pas sacrifier la qualité de l’image, du son, et du fond. Ne pas faire payer aux salariés le prix des économies imposées, en augmentant les charges de travail, en dévalorisant les métiers, en privilégiant l’achat de matériels non performants…
Arrêtons les réorganisations permanentes qui désorganisent et inquiètent les salariés, tout en coûtant cher à France 3, et parlons organisation du travail, parlons contenus, parlons management. Avant de rêver de polycompétences, ou de décréter qu’à partir de là, maintenant, on sera tous bienveillants.
Et il faut faire vite. Dans les antennes, ça craque de partout : la commission emploi formation de ce CSE confirme l’hémorragie en ETP ; la commission égalité professionnelle témoigne de situations inadmissibles dans certaines antennes du réseau. Les salariés sont déjà à bout de souffle, après quelques semaines : pas remplacés, plus de travail… Les « opérationnels » de terrain, ceux qui fabriquent les programmes et valorisent nos antennes, sont ceux qui payent le prix fort des suppressions d’emplois, des réorganisations et de la contrainte budgétaire.
Alors dans ce contexte-là, quand l’encadrement excédé et déjà fatigué lui aussi, leur lâche, – comme c’est arrivé dans une antenne du réseau, que … « Cette année, va falloir se mettre au travail, hein »… ce n’est ni bienveillant, ni respectueux, ni motivant.
Oui, il y a du boulot, beaucoup de boulot pour « ré-enchanter » le travail. Et pour tous. Il n’y a pas d’un côté les monteurs, les journalistes, les assistantes ou les techniciens vidéo, et d’un autre coté les managers. Il ne doit y avoir dans les antennes qu’un collectif de travail, qui affronte ensemble les chantiers à venir.
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