France Télévisions traverse une période d’incertitudes sans précédent, nous en étions restés aux 160 millions d’économies imposées par la tutelle et voilà que les déclarations sur la réforme de l’audiovisuel public vont bon train :
Entreprise unique, fusion de France télévisions et de France Bleu, absorption de l’UFTV par l’INA… Chacun y va de ses déclarations et de ses supputations. Il est vrai que le contexte électoral (politique) s’y prête.
Pendant ce temps, ce sont les salariés du Réseau, vous savez, celles et ceux qui travaillent à faire une télévision de service public, qui s’inquiètent pour leur avenir.
Alors on leur parle d’avenir, mais quel avenir ? Départ de l’entreprise ! Changement de métier ! Elargissement des compétences ? Et tout ça dans un contexte de plan d’économies, de redéploiement des effectifs, d’expérimentations parfois cadrées, parfois sauvages.
En revanche, on leur parle peu ou pas de qualité des programmes, des missions de service public : vous savez informer éduquer et distraire.
Alors, disons les choses : Oui, notre modèle économique est fragilisé. Oui, l’entreprise a besoin de se transformer. Oui, les salariés souhaitent produire plus de programmes régionaux.
Nous en sommes conscients, il faut changer de paradigme, se moderniser, avancer. Bousculer les lignes et notre modèle économique sans dégrader les conditions de travail des salariés. Pour cela, il faut se réapproprier nos contenus afin qu’ils puissent être diffusés sur notre antenne mais également sur la future plateforme SALTO.
Donner du sens à notre travail, et à nos programmes.
Nous ne pouvons le faire que si notre direction du réseau adopte une position franche, loyale, sincère et pragmatique.
Une posture franche et loyale, c’est par exemple associer les salariés aux changements qui se profilent en les incluant dans l’évolution de leur métier. Leur permettre d’effectuer des expérimentations qui viennent des salariés eux-mêmes et non d’en-haut. C’est mettre en place des expérimentations qui permettent un véritable retour en arrière du salarié, un droit à la réussite et un droit à l’échec.
Une posture franche et loyale, c’est permettre aux salariés volontaires de trouver un intérêt à élargir leurs compétences, c’est également permettre une réciprocité lorsque l’on permet à un salarié d’exercer les compétences d’un autre.
Une posture franche et loyale c’est aussi, dans le contexte anxiogène actuel, le maintien sur site des assistantes sociales et des psychologues du travail.
Une posture franche et loyale, c’est également faire la chasse aux comportements déviants qui entachent l’image de l’entreprise et détruisent les salariés.
Adopter une posture franche et loyale, c’est prévenir plutôt que guérir. Si la prévention des comportements inacceptables relève de la responsabilité de l’employeur, les élus CFDT souhaitent prendre part dans la lutte contre ces agissements déviants. Nous pensons en effet, que cette lutte doit faire partie des dossiers pris en charge par les institutions représentatives du personnel, au même titre que les autres thématiques.
Nous sommes déterminés à montrer aux victimes comme aux auteurs des violences que les syndicats agissent sur cette question. Nous vous demandons donc de légitimer le rôle des organisations syndicales et des élus sur ces questions. Ainsi, nous pourrions échanger sur les meilleures solutions à adopter : sensibilisation, formation, position claire de l’entreprise, communication verbale lors de réunions d’équipe…
Nous en sommes malheureusement conscients : les agressions verbales, les faits de harcèlement moral ou sexuel, les comportements sexistes ont lieu dans le cadre du travail.
Pourtant c’est un sujet sur lequel les victimes ne parlent pas spontanément et la plupart d’entre-elles ne considèrent pas les représentants du personnel comme un recours dans l’entreprise, préférant rester « silencieuses et se sentir coupables ». Il faut que les choses changent ! Et chacun doit y prendre part.
Les élus CFDT agiront en ce sens et ne manqueront pas de le faire savoir.
Pour terminer, nous souhaitons réaffirmer que le Réseau dispose d’atouts importants : des salariés hautement qualifiés et compétents qui n’aspirent qu’à une augmentation de l’activité interne, une motivation sans faille des équipes, un réseau de salariés sous CDD opérationnels et une Université d’entreprise que tout le monde nous envie.
Il est vrai que les départs non remplacés poseront des problèmes d’organisation. Il sera nécessaire d’aborder la question de l’adaptation technique et opérationnelle avec pragmatisme.
Monsieur le Président, sortez le réseau de la logique purement budgétaire, emportez les salariés dans un projet, une stratégie claire de développement et de création, avec des programmes de qualité, fabriqués par nos soins et pour nos antennes, qu’elles soient linéaires ou numériques.
Les salariés n’attendent que ça ! Ils n’attendent que ça, pourvu qu’ils y soient associés !
Vous souhaitez nous poser des questions ?
Contactez-nous au : 01 56 22 88 21